La Réunion toujours sous tension
Samedi, les violences avaient diminué. Elles ont repris hier soir dans le sud de l’île.
Après une semaine de violences urbaines, la Réunion va-t-elle retrouver la sérénité ? La préfecture évoquait une situation «relativement calme» dans la nuit de samedi à dimanche. Mais hier, à 22 heures, des heurts recommençaient entre forces de l’ordre et casseurs dans le Sud. Les mesures annoncées par le préfet Michel Lalande - baisse du prix des carburants, du gaz et de 40 produits de première nécessité - n’ont pas convaincu. «C’est rien du tout ! En 2009, on avait arraché à la grande distribution des diminutions sur 250 produits !» rappelle Jean-Hugues Ratenon, président de l’Alliance des Réunionnais contre la pauvreté.
Tartes. Les «indignés pays» et «gouttes d’eau», ces citoyens qui se rassemblent devant les mairies, veulent maintenir la pression. «Nous, on reste pacifiques ; mais on comprend les jeunes qui cassent, il n’y a que ça qui marche», rouspète Marie, à Saint-Pierre, dans le sud de l’île, où le maire a décidé, hier soir, de prolonger la fermeture des «camions-bars» et discothèques. En préretraite, Marie perçoit 600 euros par mois et vend des tartes aux légumes sur le marché pour «survivre».
Demain, l’Observatoire des prix et des revenus, qui réunit associations de consommateurs, syndicats, administrations et le monde économique, publiera la liste des aliments dont le prix doit baisser. Pour Jean-Hugues Ratenon, «c’est du bidon, l’Observatoire n’a jamais permis la moindre avancée sur la transparence des prix». Mercredi, la CGT Réunion (CGTR), l’Unsa et la FSU organisent un rassemblement contre l’austérité, devant la préfecture, à Saint-Denis. «On est préoccupés par les risques de propagation, reconnaît Ivan Hoareau, de la CGTR. Mais on se doit d’être présents.» Il dresse un bilan critique de la semaine : «Comment crier victoire ? La baisse du prix des carburants et du gaz est financée par les collectivités, donc par les Réunionnais eux-mêmes ! C’est à l’Etat d’apporter une réponse à la misère sociale.»
Emeutiers. Ce week-end encore, un gendarme et un badaud ont été légèrement blessés, une dizaine de commerces vandalisés, un collège et cinq autos incendiés… Hier matin, les 600 policiers et gendarmes déployés avaient interpellé 36 émeutiers, ce qui porte à plus de 200 le nombre de personnes arrêtées depuis le début des troubles. Une vingtaine ont déjà été condamnées à de la prison ferme.
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