Saint-Denis, correspondance
Le taux de réussite global à la session de juin 2003 du baccalauréat s'est élevé à 80,1 %, en progression de 1,3 point par rapport à 2002, passant au-dessus de la barre des 80 % pour la première fois depuis 1968, selon les statistiques du ministère de l'Education nationale. «C'est un bon bac qui n'a pas été bradé», a expliqué le ministre de l'Education, Luc Ferry. Sans doute celui ci a-t-il oublié dans son commentaire l'académie de la Réunion. Pour la première fois, ce département d'outre-mer, traditionnellement à la traîne de la métropole de 5 à 10 points, égale et dépasse même la moyenne nationale.
Le taux de réussite enregistre un bond de 10 points par rapport à l'an passé. Il s'élève à 82 %, un record. Des chiffres qui mettent mal à l'aise la communauté éducative réunionnaise. «Le bac n'est pas bradé», assure Marie-Claire Hoareau, secrétaire académique du Syndicat des enseignants (SE-FSU). «Il est clair que les jurys ont fait preuve de clémence, mais c'est dû aux conditions exceptionnelles dans lesquelles le bac s'est déroulé chez nous.»
L'académie a été paralysée pendant deux mois et demi par les grèves des personnels de l'Education nationale contre la réforme sur la décentralisation. En avril, mai et juin, la majorité des 220 000 élèves du département n'ont pas eu cours. Au moment des corrections, les enseignants ont fait preuve de mansuétude. Réunis en assemblées générales, discipline par discipline, ils ont décidé de remonter les notes, sans attendre d'éventuelles consignes ministérielles. «Notre position commune a été de tenir compte de manière un peu subjective de la grève», confirme Jean-Pierre Marchau, professeur de philo. Un enseignant de sciences économiques et sociales reconnaît avoir fait preuve d'indulgence, après s'être concerté avec ses collègues grévistes : «On n'a pas modifié les notes très faibles ; les 7 et 8 sur 20 sont passés à 9. Lorsque le coefficient était important, cela a suffi à augmenter de façon non négligeable la moyenne générale.»
A en croire les enseignants, leur indulgence a relevé de la stricte conscience professionnelle. «C'était normal d'être généreux face à des élèves qui sont arrivés au bac après deux mois et demi sans cours, estime Jean-Pierre Marchau. Ils étaient démotivés et déstabilisés.»
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