Mardi 25 août 2008
Laurent DECLOITRE
Peur de rien, les Réunionnais. Le caillou français de 2 512 km2 (sept fois plus petit que la ville de Pékin) aurait lui aussi aimé monter sur le podium chinois. En un an, les échanges commerciaux avec le géant ont explosé : les importations ont augmenté de 41 %, alors que les exportations (surtout de la légine, un poisson pêché dans les mers australes) ont progressé de 36 %, selon les statistiques des douanes. Revers de la médaille : le solde est largement déficitaire. Décidé à doper les échanges, le conseil régional de la Réunion, qui a signé un accord avec la province de Tianjin, le port de la capitale chinoise, a ouvert au début de l’été un bureau sur place. «Nous accompagnerons les implantations d’entrepreneurs réunionnais» assure Fabrice Thibier, de la SR21, la société d’économie mixte de la région. Objectif ambitieux. Pour Jerry Ayan, président de la Fédération des associations chinoises de la Réunion : «Les mégalopoles chinoises sont hors de portée, à l’exception de quelques niches.»
A ce jour, les Réunionnais se contentent plutôt du traditionnel «sourcing» : ils se rendent à la foire internationale de Canton, commercent avec des fournisseurs à bas prix, quitte à importer des contrefaçons (+ 30 % de saisies en un an). Pour autant, Pascal Tiaw-Kine, patron local de Leader Price, et vice-président de l’Association des commerçants, cadres et chefs d’entreprise chinois de la Réunion, est confiant : «Le pouvoir d’achat des Chinois s’améliore, on peut jouer un rôle» , estime-t-il. Cette course-là s’apparente cependant à un marathon.
Même si la communauté d’origine chinoise s’élève à 30 000 personnes à la Réunion, même si plus de 800 jeunes apprennent le mandarin - un record au niveau national -, l’obstacle de la langue perdure. «Les Chinois ignorent jusqu’à l’existence de la Réunion ; sinon, ils sont surtout intéressés par le tourisme» , note Gaëlle Hao Law Chong, en poste à Tianjin. L’ouverture prochaine d’un consulat et d’un institut Confucius sur l’île va sans doute faciliter les échanges.
Reste aux Réunionnais à apprendre à composer avec le régime… La société Pipangaï production devait réaliser un long-métrage, en 3D, pour un consortium chinois. Mais l’héroïne du dessin animé était l’antilope du Tibet, menacée d’extinction… Une provocation aux yeux de Pékin ! Le projet, et les 15 millions d’euros de budget, ont été renvoyés après les JO.
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