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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans Libération
L’exil de Bacar met Mayotte en ébullition

De notre correspondant à la Réunion Laurent DECLOITRE

vendredi 28 mars 2008

"On a foncé comme des malades, sinon on était lynchés !» Hier, après une journée réfugié dans son bureau de Kawéni, au nord de Mamoudzou - le chef-lieu de Mayotte -, Jean-François Malichecq a «tenté une sortie».«On est tombé sur un groupe d’une trentaine de jeunes. Ils ont caillassé la voiture, brisé les vitres. Tout ça parce qu’on est blancs. Où sont les militaires ?» témoigne le chef d’entreprise. Comme lui, la communauté des mzungus (les métropolitains) de cette île française de l’océan Indien a été prise à partie par la population d’origine comorienne, nombreuse à Mayotte. «On a accueilli une dizaine de blessés, qui ont été molestés», confirme Alain Daniel, directeur du centre hospitalier de Mayotte. Mais «aucun blessé grave ni mort» , a précisé le préfet.

Les émeutiers ont manifesté leur colère après la fuite à Mayotte de Mohamed Bacar, l’ex-homme fort de l’île comorienne d’Anjouan, distante de seulement 70 km, qui avait organisé des élections illégales et s’est rendu coupable d’exactions sur sa population. Bacar a demandé l’asile politique à la France, après avoir été renversé mardi par les forces comoriennes loyalistes et africaines, avec le soutien logistique de la France. A Mayotte, les manifestants anjouanais, qui reprochent à la France de jouer un double jeu et de protéger Bacar, demandent son extradition vers les Comores. Ils s’en sont pris, de fait, à tous les Blancs.

Des barrages ont été dressés sur les nombreux ronds-points de Mamoudzou, plusieurs voitures ont été brûlées. Des taxis ont été arrêtés, les occupants sortis de force et frappés. Des dizaines de mzungus se sont réfugiés dans des bars ou des restaurants de la place du Marché, tandis que les commerces ont baissé leur rideau. Les émeutiers ont tenté d’investir l’aéroport de Pamandzi, situé sur l’îlot de Petite-Terre, où était retenu Mohamed Bacar par les autorités françaises. La foule a été dispersée à coups de bombes lacrymogènes. Le service des barges, qui relient Petite-Terre à la Grande-Terre, l’île principale de Mayotte, a été interrompu, si bien que de nombreux Mahorais n’ont pu regagner leur domicile. Hier soir, aucun mzungu ne se risquait à circuler dans les rues du chef-lieu, contraints parfois de dormir sur leur lieu de travail ou de laisser leurs enfants passer la nuit dans les écoles.

Dans la ville de Kawéni, les escarmouches se poursuivaient entre forces de l’ordre et casseurs. Les liaisons aériennes avec la Réunion avaient été interrompues dès le matin. Toutefois, deux Transall de l’armée ont décollé de la Réunion pour acheminer 100 gendarmes mobiles en renfort. Mohamed Bacar devait être rapatrié sur Saint-Denis de la Réunion dans la nuit. Yves Jégo, le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, en visite à la Réunion, a indiqué que le président déchu sera «mis entre les mains de la justice française», pour «importation d’armes et immigration illégale». Par ailleurs, la France réfléchit «aux conditions de sa consignation à résidence» et à sa demande d’asile politique. Le ministre doit se rendre ce matin à Mayotte.

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S
incompréhension et indignation<br /> En tant que mahoraise, je ne comprends pas que l'on puisse s'attaquer les blancs à mayotte. Ces comportements barbares ne doivent plus exister de nos jours. Les politiciens ont laissé cette situation se dégrader, trop c'est trop, on en peux nous les mahorais, de subir tous les jours des violences à répétition car ces gens là n'ont aucune pitié pour personne. Ils entrent dans nos maison, pillent et nous agressent.C'est le comportement d'une communoté désespérée et qui cherche tous les moyens imaginables pour s'en sortir. Vendredi 28 Mars 2008 - 19:23
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X
France Afrique<br /> Habitant à Mayotte et connaissant un peu la situation des îles des Comores, je poserai quelques questions: - Quelles contreparties "la France" attend de Bacar pour l'avoir exfiltré d'Anjouan ? (voir le crash de l'hélico avec un gendarme à bord ... qq jours avant l'intervention de l'UA, la venue en hélico de la directrice Anjouannaise des douanes, proche de Bacar, 2 jours après, normalement interdite d'accès à Mayotte...) - Comment croire, qu'en ces temps si troublés, qu' aucun radar si prompts à déceler les kwassas, n'ait pu déceler l'arrivée de Bacar en bateau avec 23 hommes armés à bord ? - Pourquoi les autorités présentes à Mayotte n'ont elles pas vu venir les violences anti Mzungus ? - Pourquoi les autorités ont elles mis plus de 3 heures (entre 7h00 et 10h00) pour réagir aux exactions, lynchages, ... en toute impunité ? Amis journalistes au travail ! Vendredi 28 Mars 2008 - 17:47
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S
Ca suffit<br /> Encore un drame de l'intolérance ! Vendredi 28 Mars 2008 - 16:14
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F
j'ai un peu la trouille<br /> je suis enseignate et je suis mutée à Mayotte à partir de la rentrée prochaine. je ne sais plus trop bien que faire? accepter ou ne pas accepter, là est la question. Vendredi 28 Mars 2008 - 15:10
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R
Ah... la désinformation...<br /> Bonjour à tous. Je suis président de l'association Réseau D'éducation Sans Frontière sur l'Ile de Mayotte. Au risque d'en choquer plus d'un, je comprends la réaction des Anjouannais, et quelque par j'ai envies de dire il était temps ! Soyons clair, l'association à publiquement dénoncé les actes de violences commis lors de cette "manifestation", ceci étant dit, on peut les comprendre ! Cela fait maintenant deux ans que je travaille auprès des sans papiers à Mayotte. Je ne perdrai pas mon temps à en donner les raisons, n'importe quel esprit sain ayant connaissance de l'histoire des Commores et ayant posé le pied sur cette île sera d'accord avec moi. La France, dans une manipulation honteuse, a su conserver l'île de Mayotte sous son giron, contrairement aux autres îles, en 1976, alors que le canal de suez était fermé et que les pétrolier devaient emprunter, comme à l'époque de la route des Indes, le canal du Mozanbique, et donc de fait, passer près des côtes mahoraises. Etes vous sûr que le référundum organisé à l'époque était dans le seul et unique but de fair don aux peuples des comores du droit de disposer d'eux-même ? 95% contre l'indépendance à Mayotte et 99% pour dans les autres îles, sacrés résultats !!! Du jamais vu... du très bizarre surtout. Bref, le problème n'est pas là aujourd'hui. Le fait est que le PIB à anjouan est 10 fois inférieur à celui de Mayotte, qu'un président auto-proclamé à écrasé, torturé, appauvri son peuple. Chaque jour, entre 50 et 100 personnes accostent à Mayotte pour fuir la misère, pour accoucher, se soigner, manger... Les candidats à la traversée doivent payer 200 euros et sur cette somme, 40 euros vont directement dans la poche de Mohamed Bacar ! Soit s'équivalent de pratiquement 100.000 euros par mois ! Sur la misère et la fuite de son peuple, bravo... J'ai rencontré maintes et maintes personnes qui ont souffert du régime Bacar (emprisonnement illégaux, tortures, etc...) Vendredi 28 Mars 2008 - 13:44
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