Laurent DECLOITRE
Le 18 février 2008
Un «tsunami social» vient de balayer l’académie de la Réunion, pour reprendre l’expression d’un syndicaliste. A la trappe depuis le 1er février, les 420 contrats d’accompagnement dans l’emploi (CAE) et contrats d’avenir (CAV) jusque-là affectés à des tâches administratives et de vie scolaire dans les collèges et lycées. Une autre charrette de 100 autres agents va suivre. Sans compter les 250 techniciens, ouvriers et agents de service (TOS) qui ont, eux aussi, perdu leur emploi dans les établissements scolaires au début du mois. Un cyclone. Que vont devenir tous ces précaires ? Comment leur absence sera-t-elle gérée ?
Le recteur Paul Canioni a promis qu’au final, «seulement» 300 emplois relevant de l’Education nationale ne seront pas renouvelés. Les chefs d’établissement ont été invités à embaucher des remplaçants pour une durée de six mois.
Des parents d’élèves et des enseignants ont refusé de procéder à ce recrutement ultralight. C’est le cas au lycée du Verger, où le conseil d’administration a voté non au remplacement des 5 agents par 2 précaires. «On refuse ce détricotage systématique de la fonction publique», justifie Philippe Bannet, de la FCPE. Maxence de La Grange, le proviseur, dit «comprendre» cette position, même s’il doit réduire la plage horaire de l’accueil. A la Réunion, on compte «pratiquement autant de précaires que de titulaires», sur les tâches administratives et scolaires dans les collèges et lycées ! «Leur suppression pose d’énormes problèmes de fonctionnement», constate Jean-François Riahle, secrétaire académique du SE-Unsa.
A Mille-Roche, le plus grand collège de France avec 1 440 élèves, les enseignants se sont mis en grève. Là, 6 agents et 4 TOS, qui travaillaient au secrétariat, à la surveillance et à la cantine, se sont retrouvés à la rue. Même si une partie des postes sont reconduits, les personnels en fin de contrat, eux, se retrouvent au chômage.
Concours. Henri était agent de sécurité depuis 1993 au collège Titan. Il a cumulé 18 contrats et tenté à 7 reprises des concours pour être titularisé. En vain. «On n’a eu aucune formation», regrette le père de famille qui se dit «très mal, déprimé». Après quatre ans au lycée Jean-Joly comme secrétaire du principal adjoint, Reine-Claude Lony a également été remerciée. «Dégoûtée», cette dynamique mère célibataire de 40 ans s’inquiète pour «les factures et les traites de la voiture»… D’autres, comme Pascaline Lartin, sont «en sursis», leur contrat arrivant à expiration à la fin de l’année scolaire. Tous ne croient guère à la cellule de reclassement du rectorat.
Pneus. Aussi, les chômeurs de l’Education nationale multiplient les actions coup de poing : sous-préfecture investie, pneus brûlés devant le rectorat… Martin Hirsch, qui assistait, la semaine dernière, à un Grenelle de l’insertion à Saint-Denis, ne pouvait pas ne pas faire un geste. Le haut-commissaire aux Solidarités actives a proposé que les TOS employés par la région et le Département bénéficient d’un contrat unique d’insertion «à titre dérogatoire». Quant aux fins de contrats de l’académie, leur sort sera examiné «au cas par cas et au fil de l’eau»…
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