carte postale. Chaque mardi, la mondialisation en histoire
Laurent DECLOITRE
Mardi 27 novembre 2007
La purée Mousseline à 2,06 euros en métropole est vendue le double dans les supermarchés Champion de la Réunion. Même écart corsé pour le café Carte Noire. Dans les Carrefour «pays», c’est sur la confiture Andros que la grande distribution se sucre : la fraise allégée (1,31 euro le pot en métropole), coûte de 2,45 à 2,99 euros les 350 g dans les hypers réunionnais. Au final, selon l’enquête d’un collectif d’associations, cosignée par l’ancien directeur départemental de la concurrence, les deux enseignes locales sont plus chères de 54 % que leurs homologues métropolitaines. L’étude fait grand bruit sur l’île, où la moitié des ménages déclare des revenus inférieurs à 650 euros par mois, et où un tiers de la population bénéficie des minima sociaux.
«Dès le 10 du mois, cela devient difficile pour les familles», s’alarme Noor-Olivier Bassand, président d’une association de consommateurs. En mars, Jean-Pierre Brard, député PCF, avait lui conclu à un différentiel de «10 à 20», entre la Réunion et le département de Seine-Saint-Denis, dans un rapport remis à l’Assemblée. Il relevait des énormités, toujours chez Carrefour : le gel douche Dop 114 % plus cher ; le kilo de farine Francine 145 %… «Les groupes s’entendent comme des larrons en foire», dénonce Jean-Paul Virapoullé, sénateur maire de Saint-André, pour qui ni le coût du fret ni les taxes diverses ne justifient ce fossé. Selon le patron de la droite locale, c’est en raison d’«ententes illicites» entre les entreprises que les prix sont si élevés.
Pour le prouver, plusieurs syndicats ont demandé au préfet de doter le tout nouvel Observatoire des prix et des revenus (OPR) de «moyens d’investigation». Peine perdue, selon la députée communiste Huguette Bello : «L’OPR ne sert à rien, on brasse de l’air.» Sous la pression, Sarkozy promet un arrêté interministériel et «une baisse significative des marges et donc du prix des médicaments dans les DOM», aujourd’hui majorés de 30 %. Insuffisant pour les associations et élus de tout bord, qui plaident pour un blocage du prix des «produits de première nécessité». Jean-Paul Virapoullé veut déposer un amendement en ce sens à la loi-programme sur l’outre-mer. «Puisque Sarkozy nous promet la rupture, il faut une loi de décolonisation économique», lance-t-il.
Commenter cet article