Dans l'île, le centriste confirme sa volonté d'un gouvernement d'union nationale.
Par Laurent DECLOITRE
Saint-Denis (la Réunion) correspondance
samedi 24 mars 2007
"Je veux être différent.» Ce leitmotiv, François Bayrou, chemise ouverte, manches retroussées, l'a répété sur le marché du Camélia, vendredi matin à son arrivée à Saint-Denis (la Réunion). Pas question, comme avant lui Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, de rencontrer et quémander le soutien de l'influent président du conseil régional, le communiste Paul Vergès. François Bayrou préfère, dit-il en goûtant un ananas, une «attitude lisible». C'est loin d'être le cas localement. Le sénateur-maire Jean-Paul Virapoullé, qui préside la Relève, la branche «historique» de l'UDF locale, soutient... Nicolas Sarkozy. Tout en accusant l'UMP de n'être qu'un «petit clan de sectaires».
Cadeau. «Pour s'y retrouver, il faut être très fort», a reconnu le patron de l'UDF, incitant ses élus locaux à «offrir une politique moins insoupçonnable» aux Réunionnais. Question lisibilité, pourtant, ce n'est toujours pas ça. S'il est élu, François Bayrou a une nouvelle fois promis de nommer un gouvernement où seraient réunis «des hommes et des femmes qui appartenaient hier à des camps opposés». En marge de son meeting, en soirée, le patron de l'UDF n'a pas exclu de nommer un «Premier ministre de gauche». Mais pas Royal, sous peine de «tomber dans la caricature»...
En attendant, le chemin est long et le pas lent, comme celui de la tortue qu'une militante lui a offerte, reprenant en créole la maxime : «Ti pa, ti pa, nou va arivé». A la Réunion, Bayrou ne recueille que 10 % au premier tour, selon un sondage paru dans la presse locale, contre 44 % pour Royal et 34 % pour Sarkozy. Bien loin des quelque 20 % promis en métropole, qui ont réveillé ici les soutiens locaux, autrefois bien discrets. De quoi agacer Thierry Robert, délégué départemental de l'UDF, qui dénonce les «gens qui retournent leur veste en fonction de la direction du vent».
Exemple. Bayrou a pourtant lui aussi virevolté à gauche et à droite dans la journée. S'envolant ce samedi pour Mayotte, confrontée à une importante immigration clandestine, il a indiqué, tout comme Sarkozy, «réfléchir à l'automaticité de la nationalité accordée sur le seul critère du droit du sol». Sans nommer son adversaire, il a ajouté : «La campagne électorale pousse parfois à dire des choses excessives pour gagner des voix. Il faut empêcher qu'elle dérape sur les thèmes de l'immigration et de la nation. Il est plus facile d'exciter les hommes les uns contre les autres plutôt que de les inciter à vivre ensemble.» Et de citer l'île multiculturelle en exemple : «Si l'on cherchait un mot pour définir la France, ce serait la Réunion.»
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