A 10 000 km de Paris, Royal a esquivé la polémique socialiste.
Par Laurent DECLOITRE, Saint-Joseph (la Réunion) envoyé spécial
samedi 14 octobre 2006
A 10 000 km de Paris, dans le «Sud sauvage» de la Réunion, Ségolène Royal préfère esquiver la polémique avec ses «amis» socialistes restés à Paris. Alors que les proches de Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, candidats eux aussi à l'investiture, veulent croire qu'elle est fébrile ( Libération de vendredi), l'entourage de la députée se dit «blindé». Pas question de répondre à ses détracteurs. C'est donc la droite qu'elle met dans son viseur.
Nicolas Sarkozy, tout d'abord, et ses propositions de la veille sur la République : «C'est incroyable : il donne l'impression de s'apprêter à reconquérir le pays. Mais il est déjà à la manoeuvre ! S'il a des idées, qu'il les applique ! Ne rien faire du pouvoir dont on est dépositaire, c'est une forme de trahison.»
Dominique de Villepin, ensuite, et ses 120 millions d'euros promis pour relancer le logement social outre-mer : «Les gens ne croient plus aux vastes plans, ils croient aux actions sur le terrain. Or que constatent-ils ? Les écarts se creusent entre le manque de logement social et la spéculation foncière. J'attends du gouvernement qu'il fasse respecter la loi sur la solidarité urbaine.» Jacques Chirac, enfin, qu'elle «interpelle solennellement» sur l'épidémie de chikungunya, l'an dernier. Aujourd'hui, celle-ci est en sommeil. Mais, rappelle Royal, «le temps est compté avant le retour de l'été austral, dans un mois. Jacques Chirac doit taper du poing sur la table, c'est à lui de réagir pour que le gouvernement prenne des mesures. Le gouvernement ne pourra pas dire deux fois qu'il n'était pas au courant.»
De quoi ravir les 2 000 personnes qui ont assisté à son meeting, hier soir au son du maloya, à Saint-Joseph, seule commune socialiste du département. «Moin lé fier d'être avec zot ce soir !» (1), lance-t-elle d'abord. Et de revenir sur son thème fétiche, «l'écoute du peuple», qu'elle privilégie «malgré les quolibets» de ses adversaires de droite ou de gauche. «Je tiendrai bon, c'est ma façon de lutter contre la crise démocratique et morale. Les Français sont les meilleurs experts de ce qu'ils vivent, j'ai confiance en eux.» Elle termine la soirée sur un : «Mes amis, allons bouge ensamb.» Sûr que l'accueil de ses camarades de métropole sera moins chaleureux...
(1) «Je suis fière d'être avec vous ce soir !»
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