La présidente du Collectif des citoyens de Mayotte, Safina Soula, à Pamandzi, le 14 février 2024. (Julien De Rosa /AFP)
La présidente du Collectif des citoyens de Mayotte 2018 a bloqué pendant des mois l’accès à la préfecture de Mamoudzou, empêchant le service immigration d’instruire les dossiers.
Libération du 3 juin 2025
De notre envoyé spécial Laurent DECLOITRE
Des étudiants qui ne peuvent obtenir un visa pour la métropole ; des étrangers en situation régulière dont le titre de séjour n’est pas renouvelé ; des demandeurs d’asile qui désespèrent de voir leur dossier traité par le service immigration de la préfecture de Mayotte… Jusqu’au 19 mai, aucun d’entre eux ne pouvait accéder au «bureau des étrangers». L’accès à la préfecture, à Mamoudzou, était bloqué par une demi-douzaine de «bwénis», ces femmes mahoraises qui multiplient les actions contre l’immigration et l’insécurité gangrenant le département d’outre-mer.
Le Collectif des citoyens de Mayotte 2018 avait déjà empêché, durant plusieurs mois, l’accès aux services de l’Etat les années précédentes. A leur tête, une agricultrice, Safina Soula, qui lutte contre ceux qu’elle désigne comme «les ennemis d’en face». Comprendre les immigrés venus des Comores, distantes de 70 km de Mayotte, transportés par des passeurs sur des barques motorisées.
La quadragénaire, turban noir sur la tête, proche de la droite et du Rassemblement national, souhaite empêcher «la régulation massive des étrangers» et milite pour la suppression du titre de séjour territorialisé. Alors qu’en métropole, un étranger bénéficiaire d’une carte de séjour peut circuler librement dans toute la France, à Mayotte, il ne peut quitter le département. «De ce fait, les étrangers s’enracinent et nous envahissent, submergeant tous les services publics, peste Safina Soula. Nous sommes en guerre.» Lors de sa visite le 21 avril à Mayotte, Emmanuel Macron s’est bien gardé de répondre à cette revendication, portée par tous les élus de l’île.
Consciente de sa «force»
La quadragénaire est consciente de sa «force» et du symbole qu’elle représente : «Nous poursuivons le combat des chatouilleuses», ces femmes qui, dans les années 1960 et 1970, bousculaient... (Lire la suite sur Libération)
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