Emmanuel Macron lors d'une visite du site industriel Royal Bourbon à Bras-Panon, à la Réunion, le 22 avril 2025. (Ludovic Marin/AFP)
Deux mois après le passage du cyclone Garance, dévastateur pour les producteurs locaux, le chef de l’Etat a promis de soutenir leur redressement, devant des interlocuteurs sceptiques.
De notre correspondant Laurent Decloitre
Libération du 22 avril 2025
Il va devenir expert en assurance post-cyclone… Après avoir fait le point lundi 21 avril sur les réparations à Mayotte, dévasté par Chido en décembre 2024, Emmanuel Macron a effectué mardi une visite d’une journée à la Réunion pour aborder l’après-Garance. Ce cyclone exceptionnel, qui a frappé l’île le 28 février, a causé plus de 160 millions d’euros de dégâts dans le secteur agricole. Or, les annonces du Président et de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, ont fait l’effet d’une douche froide chez les acteurs de la filière. Sous les énormes tuyauteries et machineries de l’usine sucrière de Bois-Rouge, dans l’est du département, le chef de l’Etat a provoqué la colère de Stéphane Sarnon, président du syndicat agricole FDSEA : «Les millions dépensés pour son déplacement auraient mieux été utilisés dans nos champs ! Il n’y a rien de positif !» Emmanuel Macron a pourtant assuré que «nul ne sous-estime ce que vous avez vécu», Garance ayant effectivement surpassé, par son ampleur, les cyclones des années précédentes. La future production de canne à sucre ne devrait s’élever qu’à 700 000 tonnes, contre 1,3 million l’an dernier, qui était déjà un mauvais cru.
Face à cette situation, le président de la République a rappelé que «244 millions d’aides ont été posées pour la Réunion sur toute la partie agricole», dont 145 millions dédiés à la canne à sucre. Mais il s’agit là de dotations structurelles et annuelles, assurent à la fois Florent Thibault, coprésident de la filière canne, et le président du département, Cyrille Melchior. De fait, la collectivité a débloqué 15 millions de fonds exceptionnels, et l’Etat n’a lâché à ce jour qu’une enveloppe d’urgence du même montant. Emmanuel Macron a toutefois promis que «l’idée n’est pas de faire avec les dispositifs habituels» et a engagé les différents acteurs, «sous l’autorité du préfet», à proposer «des dispositifs d’urgence d’ici le mois de juin».
Les aides de Belal «n’ont toujours pas été touchées»
En attendant, Dominique Clain, agriculteur à Sainte-Rose, dans le sud-est de la Réunion, assure ne plus avoir aucun revenu… Belal, le cyclone qui avait touché l’île en 2023, avait déjà mis à mal ses parcelles de canne à sucre. «Je survivais grâce à deux hectares de bananiers, mais Garance les a mis à terre ! En attendant les aides, j’ai le temps de mourir», témoigne l’exploitant. Effectivement, les subventions tardent à être débloquées, rappelle Olivier Fontaine, président de la chambre d’agriculture. «Celles de Belal n’ont toujours pas été touchées !», accuse ce dernier, évoquant «une agriculture aujourd’hui à terre». Philippe Labro, directeur général de Téréos océan Indien, qui exploite les deux usines à sucre de la Réunion, a même averti : (lire la suite sur Libération)
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