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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans Libération
Le toit de cette famille s'est envolé lors du passage de Garance (LD)

Le toit de cette famille s'est envolé lors du passage de Garance (LD)

Après la levée de l’alerte rouge ce samedi 1er mars, les habitants de l’île peuvent enfin sortir de chez eux. Les dégâts s’annoncent colossaux.

Libération du 1er mars 2025
De notre correspondant à La Réunion, Laurent DECLOITRE

Le bureau du maire a été dévasté, l’informatique de la commune est hors service, le téléphone ne passe plus, Internet n’en parlons pas, même le réseau radio Quartz des gendarmes est aléatoire : à Saint-Benoît, dans l’est de la Réunion, les pouvoirs publics ont bien du mal à gérer l’après-Garance, ce samedi 1er mars. L’alerte rouge a été levée à 10 heures par le préfet Patrice Latron, le cyclone (désormais au stade de tempête tropicale) ayant poursuivi sa route vers le sud dans l’océan Indien. Les habitants peuvent enfin sortir de chez eux. Chacun évacue sur le bord de la route les kilos de branchages tombés dans le jardin. Beaucoup partent faire des courses, occasionnant des bouchons en raison des voies encombrées de branches ou d’arbres déracinés.

La mairie de Saint-Benoit a beaucoup souffert du cyclone. (LD)

Mais à Saint-Benoît, une des communes qui a le plus souffert, les sinistrés sont encore dans la panade. Alban tempête devant la mairie, accusant les pouvoirs publics de l’avoir abandonné. Trois arbres sont tombés sur sa maison hier matin : «La moitié de la case n’existe plus ! On a failli être écrasés, ma femme, mes enfants et moi. On a appelé gendarmes et pompiers, personne n’est venu, crie l’infirmier. J’ai dû percer le plafond pour que l’eau s’écoule, sinon il nous tombait dessus !»

«Pouf, le toit est parti»

Johnny Lebeau, plus calme, a lui aussi perdu la moitié de son toit : «C’est le massacre dans mon quartier de Bras-Madeleine. L’apocalypse, plus un arbre debout !» Le Réunionnais, qui n’avait «jamais vu» un cyclone si dévastateur, espère obtenir une des 2 000 bâches que le préfet a promis de distribuer aux sinistrés. A quelques mètres, assise à l’ombre sous les piles d’une passerelle en béton, Julie Balassy garde le sourire. Pourtant, la mère de famille attend depuis des heures, ses enfants autour d’elle : elle a été évacuée la veille de son appartement, dont le toit s’est envolé. «Le vent a tout pris, le plafond est tombé sur le lit !» raconte la locataire. Depuis, elle attend que les services de la mairie lui trouvent une place en centre d’hébergement.

Ce qui n’est pas gagné… «Il nous manque des lits», soupire Jean-Paul Calciné, qui gère l’accueil des sinistrés au gymnase Nelson-Mandela, dans le quartier de Bras-Fusil. Parmi eux, Nassurine Cassim raconte comment elle s’en est sortie : «Les fenêtres ont explosé et pouf, le toit est parti ! Alors mes quatre enfants et moi, on s’est réfugié sous la table du salon.» La mère de famille a failli rester enfermée dans son appartement, au deuxième étage d’un immeuble social. «Nos oreilles sifflaient, voum voum. Heureusement, les voisins sont parvenus à débloquer la porte !»

Au centre d'hébergement de Saint-Benoit, à l'est de La Réunion. (LD)

«On fait le maximum»

Patrice Selly, le maire de Saint-Benoît, dit «comprendre la détresse» de ses administrés, et indique qu’un troisième centre d’hébergement va être ouvert. De son côté, le préfet, qui a survolé tôt le matin l’île «pour évaluer les dégâts», a promis de livrer à la commune en déshérence une station Starlink, qui permet de se connecter même sans relais terrestre. Le chef-lieu Saint-Denis a également payé un lourd tribut à Garance, comptant trois des quatre décès provoqués par le cyclone.

A la mi-journée samedi, 140 000 foyers étaient encore sans courant. EDF compte sur des renforts de métropole et de la Corse.

Il est très difficile et dangereux de circuler en raisons des fils tombés. (LD)

En attendant, ses agents sont sur le pont. Face à un temple hindou de Saint-André, dans l’est de l’île, un technicien s’affaire à l’intérieur d’un poste pour «réalimenter les câbles souterrains». Eymeric est aussitôt interpellé par une riveraine qui réclame du courant… «On fait le maximum, madame.»

Reprise des liaisons aériennes

Par ailleurs, 310 000 foyers sont toujours sans eau, ce qui complique la tâche de Marie-Thérèse Davery. La septuagénaire habite près d’un canal de Saint-Denis, qui a débordé «en quelques minutes». Ce matin, sa fille et son gendre l’aident à nettoyer les dégâts et à sortir les meubles boueux dehors pour les faire sécher. Claude Koé et ses enfants, eux, "de l'eau jusqu'à la poitrine", se sont réfugiés chez un beau-frère, qui a failli, lui, perdre sa voiture. «Elle a été submergée et a même flotté sur quelques mètres. Pourtant, elle démarre aujourd’hui», n’en revient toujours pas le beau-frère, Christophe Fontaine.

Au quartier de la Source, à Saint-Denis de La Réunion, après Garance. (LD)

Le bilan des dégâts était toujours en cours ce samedi, mais le préfet n’a «aucun doute» sur le fait que la Réunion va bénéficier de l’état de catastrophe naturelle. Le président de la chambre d’agriculture Olivier Fontaine a évoqué «des milliers d’exploitations agricoles anéanties».

Les champs de bananiers sont entièrement détruits. (LD)

Par ailleurs, plusieurs communes étaient encore coupées du monde, les routes ayant été bloquées par des éboulements ou des arbres, ou emportées par des torrents. Rare bonne nouvelle : les liaisons aériennes seront de nouveau autorisées en fin d’après-midi, avec la réouverture de l’aéroport Roland-Garros.

 

Dès la levée de l'alerte rouge, les habitants nettoient leur jardin.

Dès la levée de l'alerte rouge, les habitants nettoient leur jardin.

A la Réunion, après le passage du cyclone Garance : «Le vent a tout pris»
Cette grue n'a pas résisté aux rafales de vent. (LD)

Cette grue n'a pas résisté aux rafales de vent. (LD)

Cette famille a dû évacuer, d el'eau jusqu'au cou. (LD)

Cette famille a dû évacuer, d el'eau jusqu'au cou. (LD)

À Sainte-Suzanne. (LD)

À Sainte-Suzanne. (LD)

À Sainte-Suzanne. (LD)

À Sainte-Suzanne. (LD)

A la Réunion, après le passage du cyclone Garance : «Le vent a tout pris»
A la Réunion, après le passage du cyclone Garance : «Le vent a tout pris»
Le chef-lieu a beaucoup souffert du cyclone. (LD)

Le chef-lieu a beaucoup souffert du cyclone. (LD)

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