Le groupe inspiré par les musiques de l’Est invite dans son nouvel opus la chanteuse Mélissa Zantman. La rencontre, en haute altitude, nous transporte à la fois dans la joie et la rêverie. Sortie d’ En Cavale le 15 septembre.
C’est d’abord à dos d’âne que les cinq membres de Tram des Balkans, accompagnés par leur nouvelle complice Mélissa Zantman, ont présenté le fruit d’une résidence artistique passée au coeur du massif de la Chartreuse. Au milieu des herbes folles, des coquelicots et des gentianes, les musiciens-randonneurs, partis pour des concerts éphémères, ont en fait enfanté leur sixième album. D’une étape à l’autre, les montagnes résonnent encore de leurs chants polyphoniques portés par les vents et le souffle du kaval, une flûte typique des Balkans. Quant aux marmottes, elles n’en reviennent toujours pas d’avoir elles aussi cavalé au rythme de chansons traditionnelles et de compositions interprétées en finnois, bulgare, géorgien, hongrois, ou encore italien ou hébreu, la marque du groupe depuis 20 ans.
En Cavale, le nouvel opus aux sonorités tantôt joyeuses et entraînantes, tantôt sensibles et languides, marque cependant un tournant dans l’univers masculin de Tram des Balkans : une voix féminine accompagne désormais clarinette, accordéon, violon, contrebasse, et percussions. Celle de Mélissa Zantman, un torrent d’eau claire, dont la spontanéité joyeuse et la richesse des timbres ne sont pas sans rappeler Camille ou Leïla Martial. « Le coup de foudre musical et humain » qui s’est noué entre eux dans les montagnes n’était pas gagné. « Dans la polyphonie, une fille avec cinq hommes, on n’a pas l’habitude de faire ça », sourit Mélissa. De fait, les membres du groupe ont été « un peu déstabilisés » par cette nouvelle approche, par le fait de porter leur voix « un peu plus aigu un peu plus timbré vers le haut ».
Sans doute plus acoustique que les précédents, l’album reste toutefois fidèle aux aspirations harmoniques de Tram des Balkans, toujours inspiré, dans ses reprises ou ses compositions, par la musique tzigane et klezmer des juifs ashkénazes. L’écoute vous laissera parfois essoufflé, sourire aux oreilles, comme dans Pizzica, où les paroles en italien et français vous entraînent dans une danse échevelée. Oui, ça va vite et « ça tricote dans les gammes et les rythmes », comme en sourit le batteur Mathieu Cervera. Mais il le dit aussi, « notre musique passe facilement des rires aux larmes. Ça peut être très enjoué sur un morceau et profond avec de l’émotion sur l’autre. » Un peu comme une randonnée en montagne, à l’arrivée d’un col, lorsqu’on reprend son souffle et qu’on admire, serein, la vue sur la vallée… Alors on danse sur Valzurka, cette belle valse sentimentale, on invoque la lune avec Vihma, puissant hommage au groupe Värttinä, qui nous vient de Finlande, on ondule entre les dunes du Désert, composition portée par les arpèges d’un cistre hypnotisant. Tram et Mélissa, en treize titres, nous transportent du bleu au gris, de la course à la langueur. Un projet qui donne envie de le suivre sur scène, à la trace...
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