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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans Libération
Pour 400€, les clandestins reviennent en kwassa-kwassa. (photo LD)

Pour 400€, les clandestins reviennent en kwassa-kwassa. (photo LD)

Alors que le département d’outre-mer expulse chaque année des milliers de clandestins sans papiers vers les Comores, ils sont nombreux à refaire la traversée dans l’autre sens à peine arrivés, preuve de l’inutilité de l’opération Wuambushu qui débute ces prochains jours.

Libération du 23 avril 2023
De notre correspondant à La Réunion
, Laurent Decloitre

A quoi vont servir les expulsions de masse ? Gérald Darmanin, qui a attendu la fin du ramadan samedi pour lancer l’opération Wuambushu à Mayotte, compte reconduire à la frontière des milliers de clandestins comoriens, fort des quelque 500 policiers et gendarmes envoyés en renfort sur place. La préfecture de Mamoudzou n’en est pas à sa première expulsion – elle bat même les records de France, avec plus de 25 000 Comoriens sans papiers reconduits l’an dernier. Mais voilà : à peine débarqués sur l’île d’Anjouan, la plus proche des trois îles comoriennes, à 70 kilomètres à peine des rives françaises, ils embarquent souvent à nouveau à bord d’un kwassa-kwassa, ces barques motorisées pilotées par des passeurs.

C’est le cas de Faissoil (1), arrivé clandestinement à Mayotte à l’âge de 18 ans. Il a d’abord travaillé au noir comme «nounou» d’un petit garçon mahorais. Pour tenter de régulariser sa situation administrative, le jeune homme retourne aux Comores en 2011 afin d’obtenir son certificat de naissance. Il y trouve «l’amour» et y reste jusqu’en 2021. Mais dans son pays natal, Faissoil est obligé de se prostituer pour survivre. Il embarque alors à nouveau à bord d’un kwassa en direction de Mayotte, où il est embauché pour faire le ménage chez une famille. Quelques mois plus tard, le Comorien est interpellé à Mamoudzou et expulsé une première fois. Il revient dans les jours qui suivent… En septembre 2022, les forces de l’ordre l’arrêtent à nouveau. Retour à la case départ. Qu’à cela ne tienne, «j’ai payé 400 euros et pris encore un kwassa», raconte le clandestin, aujourd’hui installé à Cavani, un quartier du sud de Mamoudzou. Depuis, Faissoil a trouvé un logement, enchaîne les petits boulots et ne se prostitue plus. En attendant sa troisième expulsion…

Madeleine, qui vit dans un deux-pièces à Passamainty, au Sud du chef-lieu, a elle aussi été reconduite à la frontière, alors même qu’elle est mère de cinq enfants ayant obtenu la nationalité française, dont l’un est encore mineur. Or, rappelle un collectif d’avocats venus défendre les migrants durant l’opération Wuambushu, «un étranger est non expulsable s’il est parent d’un enfant mineur français qui réside en France». A condition toutefois de... (Lire la suite sur Libération)

 

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