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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans Libération
Le journaliste Jacques Tillier, le 11 septembre 1979, à Paris. (L.Maous/Gamma-Rapho via Getty Images)

Le journaliste Jacques Tillier, le 11 septembre 1979, à Paris. (L.Maous/Gamma-Rapho via Getty Images)

Des élues de gauche et de droite publient une lettre ouverte pour dénoncer les éditos misogynes du directeur du «Journal de l’île», Jacques Tillier. L’ancien rédacteur de l’hebdo d’extrême droite «Minute» crie au lynchage.

Libération du 21 février 2022
De notre correspondant Laurent DECLOITRE

Il n’est plus journaliste, mais publie tous les samedis matin un long éditorial, où le directeur général du Journal de l’île tire à tout va sur les personnalités du département d’outre-mer. Ce jour-là, les ventes du quotidien régional augmentent, tout comme les plaintes en diffamation… Parmi les cibles de Jacques Tillier, les femmes – élues, magistrates, hauts fonctionnaires – en prennent pour leur genre dans un style pour le moins vulgaire.

L’ancien journaliste de Minute, un hebdomadaire d’extrême droite, écrit ainsi à propos d’une élue qu’elle va avoir «les bas qui plissent et le poil qui frise»… Il qualifie les unes et les autres de «mémère», «bécassine», «Castafiore», «donzelle», évoque leurs «chignons» et «talons aiguilles». Des caricatures où elles sont habillées en bas résille devant des fils d’étendage où sèchent des petites culottes illustrent ces textes. Trop c’est trop, ont estimé plusieurs élues de gauche comme de droite, qui ont «pris leur courage à deux mains», sachant qu’elles allaient s’attirer «à nouveau les foudres de Tillier», comme le craint une des signataires, Nathalie Bassire.

«Trainer dans la boue»

La députée divers droite, qui siège à l’Assemblée nationale au groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires, a été rejointe par Vanessa Miranville, maire écolo de La Possession ou encore Juliana M’Doihoma, maire sans étiquette, issue de l’UDI, de Saint-Louis. Les députés Emeline K/Bidi et Karine Lebon (Nupes), cibles régulières du Journal de l’île, soutien historique de la droite locale, ont également apposé leur signature. Tout comme la présidente du conseil régional, Huguette Bello (Nupes), qui bat des records de popularité à la Réunion. L’ancienne présidente de l’Union des femmes réunionnaises évoque «ces machos d’un autre âge qui voient l’émancipation des femmes comme un cauchemar».

En 2017 déjà, Nassimah Dindar, aujourd’hui sénatrice UDI, alors présidente du conseil général, dénonçait «le niveau, entre le caniveau et la porcherie» des écrits de Jacques Tillier. En octobre, Yves Montrouge, ancien rédacteur en chef du Journal de l’île, aujourd’hui éditorialiste à la radio Freedom, déniait encore à son ancien collègue «le droit d’insulter, de jeter en pâture et de traîner dans la boue des êtres humains».

Argument au-dessous de la ceinture

Contacté par téléphone, ce dernier a raccroché avant de répondre par SMS que nous n’aurions qu’une envie : «Servir la soupe à celles et ceux qui ont monté cette affaire rocambolesque.» A savoir, selon lui, Huguette Bello, qu’il accuse depuis plusieurs semaines d’avoir procédé à des embauches illégales au sein de la collectivité. Jacques Tillier crie au «lynchage», s’en prend à celles qui voudraient son «scalp» et, descendant comme souvent au-dessous de la ceinture, «la peau de ce que j’ai de précieux». Si l’on n’a pas compris l’image, il suffit de parcourir l’édito d’il y a deux semaines où l’ancien journaliste dit ce qu’il ferait à la place d’un élu : «Je viserai bien plus bas, niveau braguette, caniveau et dégueulis.»

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