Libération du 24 octobre 2022
De notre correspondant Laurent DECLOITRE
Comme les comorbidités sont nettement plus importantes à La Réunion qu’en métropole, beaucoup s’interrogent sur le rôle du diabète (deux fois plus fréquent dans le département d’outre-mer), de l’insuffisance rénale (le taux de la population atteinte est trois fois supérieur), de l’hypertension, de l’obésité ou encore des maladies cardiovasculaires dans les décès imputés au Covid. Or, jusqu’à ces dernières semaines, les chiffres de l’ARS manquaient de précision, vu la façon dont l’agence régionale de santé décomptait la mortalité liée au virus : « Au cours des sept derniers jours, 6 décès liés à la Covid-19 sont à déplorer. 4 personnes n’étaient pas vaccinées ou présentaient un schéma vaccinal incomplet. Les 2 autres personnes étaient vaccinées, mais présentaient de fortes comorbidités. » Sans préciser si les non vaccinés avaient eux-aussi, ou non, des comorbidités qui pourraient expliquer leur mort tout autant que l’absence de protection vaccinale. Pour simplifier, à l’extrême, meurt-on à La Réunion parce qu’on n’a pas reçu de Moderna ou de Pfizer, ou parce qu’on est porteur d’une complication « pays » ?
Libération a voulu en avoir le cœur net et demandé de croiser les données « décès » et « comorbidité » en 2021 et 2022. (Le présentation des points hebdomadaires par l’ARS ne permet cette corrélation que depuis quelques semaines). Les chiffres obtenus sont significatifs. Du 1er janvier au 9 octobre de cette année, La Réunion a comptabilisé 507 décès dus au Covid* ; sur ces 507 patients morts à l’hôpital, 415 présentaient au moins une comorbidité. Certes, 250 de ces derniers n’étaient pas vaccinés ; mais 151 présentaient au contraire un schéma vaccinal complet. Peut-on en déduire que la comorbidité est le facteur principal, vacciné ou non ? Voir la suite sur Libération.
Commenter cet article