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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans Libération
Les gendarmes ont repéré des téléchargements suspects sur les réseaux d’échange et de partage. (iStockphoto)

Les gendarmes ont repéré des téléchargements suspects sur les réseaux d’échange et de partage. (iStockphoto)

Seize individus ont été mis en examen pour détention et diffusion d’images de mineurs à caractère pornographique. Onze sont jugés ce mercredi en comparution immédiate.

De notre correspondant à La Réunion, Laurent DECLOITRE
Libération du 10 novembre 2021

«Une fillette de 5-6 ans en train de faire une fellation à un adulte ; des pénétrations vaginales ou anales sur de très jeunes enfants…» Véronique Denizot, procureur du tribunal de Saint-Denis, le chef-lieu de La Réunion, ne peut cacher son dégoût. Les images que les gendarmes et policiers de l’île ont retrouvées dans les ordinateurs de seize individus, lundi, sont «horribles». Les gendarmes avaient repéré des téléchargements suspects dans le cadre de leur veille sur les réseaux d’échange et de partage de fichiers en peer-to-peer. Avec le renfort du Centre de lutte contre les criminalités numériques de Pontoise (Val-d’Oise), qui a diligenté à La Réunion cinq gendarmes spécialisés en nouvelles technologies et deux policiers enquêteurs spécialisés dans la cybercriminalité, 17 ordinateurs ont été identifiés grâce à leur adresse IP.

Sous l’égide des procureurs de Saint-Denis et Saint-Pierre, l’enquête préliminaire s’est conclue par un vaste coup de filet, lundi à 6 heures du matin, et l’interpellation simultanée des suspects répartis sur toute l’île. Les ordinateurs n’ont pas été saisis, leur contenu étant exploité au domicile même des personnes. Des célibataires mais aussi des pères de famille… «Nous avons immédiatement vérifié si leurs propres enfants n’étaient pas concernés», précise Véronique Denizot. Téléphones et appareils photo ont été examinés ; une fillette a même été entendue dans le cadre de la procédure «Mélanie» (qui permet des auditions aménagées pour les mineurs victimes de délits sexuels présumés), mais son témoignage a rassuré : à ce stade de l’enquête, il n’y aurait pas eu de passage à l’acte.

Jusqu’à 5 ans d’emprisonnement

Des avocats avaient été sollicités «en amont» par les parquets afin de leur permettre d’organiser au mieux une présence auprès des gardés à vue. Six mesures d’expertise ont pu être menées en une journée par des psychiatres, qui ont alerté sur la personnalité de plusieurs des personnes interpellées. Certains ont téléchargé des milliers de fichiers. Trois d’entre eux sont jugés ce mercredi après-midi au tribunal de Saint-Denis, huit à Saint-Pierre, en comparution immédiate. Les cinq autres ont été placés sous contrôle judiciaire, avec obligation de soins. Ils comparaîtront ultérieurement devant le tribunal correctionnel.

Si le coup de filet évoque le démantèlement d’un réseau, ce n’est pas le cas dans cette affaire. Les prévenus n’étaient pas en relation les uns avec les autres, même s’il a pu leur arriver d’ouvrir les mêmes fichiers sur des sites. Ils ont été mis en examen pour détention d’images de mineurs à caractère pornographique, mais aussi pour diffusion, alors qu’ils n’auraient pas envoyé directement des images à d’autres personnes. Explication : le fonctionnement des sites de peer-to-peer implique que chaque téléchargement favorise la diffusion de son contenu… Les prévenus encourent un emprisonnement de 5 ans, une amende de 75 000 euros et une interdiction d’activité impliquant un contact habituel avec des mineurs.

Actualisation : les prévenus jugés en comparution immédiate ont échappé à la prison et ont été condamnés à des peines avec sursis.

 

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