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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans Libération
Trois lycées d l'île expérimentent la vaccination en interne. (R.Philippon)

Trois lycées d l'île expérimentent la vaccination en interne. (R.Philippon)

Préfiguration de la rentrée en métropole, l’île inaugurait ce jeudi un vaccinodrome au sein d’une cité scolaire. 120 lycéens ont franchi le pas, entre stress et envie de «reprendre une vie normale».

LIBERATION du 26 août 2021
De notre correspondant Laurent DECLOITRE

Il y avait du remous, ce jeudi matin, devant le plus ancien lycée de la Réunion. La rentrée a pourtant eu lieu il y a déjà dix jours sur l’île. Mais c’est aujourd’hui qu’était inauguré le premier vaccinodrome installé dans un établissement scolaire en France. Alors, une demi-douzaine de parents antivax étaient là, à tenter de convaincre les élèves du lycée Leconte-de-Lisle, à Saint-Denis, de ne pas se faire piquer. Les arguments dérapent : «On exclut les enfants non vaccinés, bientôt ce sera les sidéens, les noirs, il ne restera plus que la race aryenne en classe !» Un discours outrancier qui s’arrête aux grilles du lycée. De l’autre côté, le ton est tout autre. «Nous sommes très fiers de contribuer à l’effort en faveur de la protection de la santé des élèves et de la population», pose la rectrice d’académie, Chantal Manès-Bonnisseau, qui a fait le déplacement.
La salle de conférences du lycée a été réquisitionnée. Dans le hall, l’infirmière scolaire vérifie l’autorisation parentale des élèves de moins de 16 ans et les réponses au questionnaire. Pas de fièvre ? Pas de contre-indications ? Benjamin, en première G4, rencontre alors le médecin diligenté par l’agence régionale de santé puis pénètre dans un des deux box dédiés à l’injection. «Un peu stressé», l’adolescent a «envie de reprendre une vie normale». Il doit aller voir son frère en métropole en mars. «C’est pratique de faire ça au lycée, je n’avais pas eu le temps de prendre rendez-vous à l’extérieur.» Roxane, en seconde 6, 15 ans, a décidé elle aussi de franchir le pas. «Pour ressortir là où je veux, comme avant, il faut le pass sanitaire, alors…» indique, fataliste, la lycéenne.
«Casser la chaîne de contamination»
120 élèves de Leconte-de-Lisle et des deux autres lycées que rassemble cette énorme cité scolaire se sont inscrits pour recevoir le vaccin. Vendredi, 70 autres sont attendus, en provenance des collèges et lycées du chef-lieu, acheminés en bus scolaires. La semaine prochaine, l’ARS installera deux autres centres éphémère de vaccination, dans des établissements de l’ouest et du sud de l’île.. «On dressera un premier bilan avant de développer notre action dans l’est du département», prévoit la rectrice, répondant ainsi aux directives de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education. Seulement 30 % des 12-17 ans ont reçu au moins une injection à la Réunion, contre le double au niveau national.
Avant cette journée, le lycée Leconte-de-Lisle a organisé des séances d’information et de sensibilisation à destination des parents et des élèves. «Mais la vaccination n’est pas obligatoire, elle est effectuée sur la base du volontariat», précise le proviseur Thierry Bussy. Sur la base de ce protocole sanitaire dit de niveau 2, si un élève est contaminé par le Covid, il est isolé dix jours. Ses camarades, testés négatifs et déjà vaccinés, peuvent revenir en classe ; les autres sont placés en quarantaine et suivent les cours en distanciel. Chantal Manès-Bonnisseau espère contribuer ainsi à «casser la chaîne de contamination». Cette semaine, le taux d’incidence a diminué à la Réunion, passant à 226 pour 100 000 contre 341 auparavant, tout comme le taux de positivité aux tests, qui a chuté de 8% à 5%. Pour autant, selon plusieurs maires, le préfet s’apprêterait à prolonger le confinement allégé et le couvre-feu à 19 heures pour au moins une semaine. Le temps de constater les effets éventuels de la rentrée scolaire.

 

 

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