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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans Libération
La Réunion a été particulièrement frappée par cette crise nationale. (R.Bouhet, AFP)

La Réunion a été particulièrement frappée par cette crise nationale. (R.Bouhet, AFP)

Les difficultés à joindre les secours, dans la nuit de mercredi à jeudi, ont entraîné la mort d’un patient sur l’île. Un autre décès ne serait pas imputable à la panne technique d’Orange.
Libération du 3 juin 2021, de notre correspondant Laurent DECLOITRE

Durant «une vingtaine de minutes», elle n’a pas réussi à joindre le centre 15. Cette Réunionnaise, dont le mari avait du mal à respirer, a alors fait appel, mercredi soir, à une amie, qui est, elle, parvenue à joindre les urgences. Une ambulance du Service mobile d’urgence et de réanimation (Smur) a été immédiatement envoyée sur place par le Samu. Arrivés sur place, les urgentistes ont constaté que le patient avait fait un arrêt cardiorespiratoire ayant entraîné son décès. Comme le reconnaît la préfecture de La Réunion dans un communiqué, «l’absence de contact direct entre l’épouse et le Samu du fait des problèmes de réseau n’aura pas permis de caractériser précisément la situation médicale de la victime».

Le lien de cause à effet entre ce décès et la panne technique chez Orange, qui a gravement perturbé sur l’ensemble de la France l’accès aux numéros d’urgence mercredi soir, semble donc établi par l’enquête administrative de la préfecture et de l’Agence régionale de santé de La Réunion. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui se demandait jeudi matin si le temps avant l’arrivée des secours avait été «particulièrement long» et était «imputable à ce numéro d’urgence», a donc un début de réponse. Fait aggravant : un Réunionnais sur dix habite «à plus de trente minutes des urgences», indique l’Insee, soit plus de 80 000 personnes. Des communes comme Salazie, Saint-Philippe ou Sainte-Rose, se trouvent même à une heure de route de l’hôpital le plus proche : il se trouve qu’elles accusent des taux de morbidité liés aux maladies cardiovasculaires «très élevés», selon l’Observatoire régional de la santé.

Encore des dysfonctionnements jeudi soir

Chaque minute perdue peut avoir des conséquences dramatiques, d’autant plus qu’à La Réunion, les maladies cardiovasculaires présentent «des indicateurs plus dégradés qu’en métropole en matière de surmorbidité et surmortalité». Une situation qui s’aggrave d’année en année avec le vieillissement de la population : «Le nombre de nouvelles admissions à l’hôpital pour maladies cardiovasculaires a augmenté de 50% en dix ans.» Quant aux passages aux urgences pour cause d’accident vasculaire cérébral, ils ont même été multipliés par deux entre 2010 et 2016. Des malades plus nombreux, et peut-être dans un état de santé aggravé par l’épidémie du Covid. Le centre hospitalier universitaire de Saint-Denis a constaté «une nette diminution du nombre d’hospitalisations urgentes» durant le confinement. Et les médecins de craindre «des présentations tardives d’infarctus du myocarde ou de décompensations cardiaques», avec des «pronostics d’emblée plus sévères».

Néanmoins, rien ne dit que la panne téléphonique est responsable de la mort d’un second Réunionnais, qui a fait une chute à son domicile, mercredi soir également. En effet, un des amis de la victime a pu contacter le 18 et les pompiers se sont rendus immédiatement sur les lieux. L’homme, un septuagénaire, était déjà en arrêt cardiorespiratoire. Les pompiers ont pu joindre le 15 qui a alors engagé un véhicule du Smur : les urgentistes ont confirmé le diagnostic. Selon la préfecture, «le décès ne semble donc pas lié à la qualité ou à la rapidité de la prise en charge par les secours». Jeudi soir, les dysfonctionnements des numéros d’urgence se poursuivaient de façon ponctuelle à La Réunion. Les autorités recommandaient aux habitants, en cas de difficulté à joindre les secours, à utiliser une liste de «numéros alternatifs»… ou à changer de téléphone.

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