L'Express du 19 février 2015, de notre correspondant Laurent DECLOITRE
La Réunion ne leur suffit plus
La Réunion ne leur suffit plus. Les rois du mollet traversent le bras de mer, direction Madagascar, pour se perdre dans la brousse.
« L’aventure, c’est se mettre en danger en sortant de notre monde aseptisé ». À La Réunion, où il se sent « surprotégé », Pascal Hérault n’y parvient plus. Aussi, comme beaucoup d’autres amateurs de frissons, fait-il chaque année le plein d’adrénaline à Madagascar. La Grande île déroule sur 1000 km de long des zones quasi vierges. Le rêve pour l’enseignant de 52 ans qui circule à vélo, dort à la belle étoile ou sous un toit en chaume offert par les chefs de village.
Depuis 2009, Pascal Hérault s’offre des trips hors sentier en VTT avec un groupe d’amis qui se sont surnommés les « madalascars ». Ils se chargent eux-mêmes de tracer leur itinéraire. « Je télécharge des cartes des années 70, souvent sur des sites allemands ou russes, détaille Thierry Arnaud, adepte du triathlon, puis je superpose les dénivelés et les relevés de Google earth ».
Sur place, les compères cyclistes n’empruntent que des pistes, défrichent parfois certains passages, portent souvent leur machine. « On dort mal, on mange mal, on se lave mal, c’est très dur physiquement », prévient Pascal Hérault. Une de ses amies, tellement sale, s’est rincée dans un marigot boueux où les zébus s’abreuvent ; lui a été éjecté du bivouac par ses compagnons parce qu’il ronflait trop fort et s’est retrouvé dans la porcherie du village. « Je n’ai pas fermé l’œil, les cochons grognaient plus fort que moi », rigole ce passionné de chant.
Plus émouvant, lors d’une étape au fin fond de la brousse, le groupe a partagé la pièce où une infirmière accouchait une jeune Malgache. « On vit des moments très forts avec les villageois, les relations sont simples et riches », apprécie celui qui se définit modestement comme un aventurier « avec un petit a ».
Un vélo pourri et une Bible
James Millot préfère lui le terme d’ « anthropovélosophe ». Le professeur des écoles de Saint-Louis est aussi un amoureux fou de Madagascar, où il s’est rendu une quinzaine de fois, souvent seul sur la selle. « C’est un moyen pour ne pas le rester, cela t’oblige à aller vers l’autre, assure le quadragénaire à la voix douce. En vélo, on prend son temps, sans faire de bruit. Le contraire du touriste en 4x4 ». En quittant la nationale, il constate que le comportement des villageois change. « Les enfants ne te demandent plus de bonbon ou d’argent, la relation gagne en authenticité ».
Il y a trois ans, James croise Mamonjy, un jeune Malgache sur « un vélo pourri », une Bible comme unique bagage. Les deux hommes roulent ensemble sur 700 km ! James Millot, qui a également traversé l’Afrique en vélo, ne parle pas d’exploit sportif, malgré les 100 km quotidiens sur les pistes rougies, mais d’aventure humaine. « Il faut connaître quelques mots de malgache, respecter la culture et les coutumes des habitants », conseille-t-il. Pour sa part, ces road-trips tantôt poussiéreux, tantôt boueux sont devenus « une drogue ». La soif de l’aventure ne s’épanche jamais, il y retourne bientôt, cette fois avec ses deux filles.
Laurent DECLOITRE
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L’aventure encadrée à Mada
Plusieurs agences de voyages organisent des tours « aventure » sur la Grande Île, qui privilégient les modes de transport doux.
Depuis La Réunion
La petite agence réunionnaise organise depuis quinze ans des trails et randos sur plusieurs jours, principalement dans le Nord de Mada. Un trip de huit jours comprend par exemple la visite de la Montagne des Français, un passage sur les plages de la Mer d’Émeraude, la découverte fabuleuse des tsingys (des formations calcaires émergées de la mer) et des grottes de la réserve de l’Ankarana.
À Madagascar
L’agence, basée à Antananarivo, la capitale, propose des treks plus ou moins sportifs, de 7 à 14 jours. Toutes les zones de Mada sont couvertes : les îles du Nord, les dunes du Sud, les baobabs de l’Ouest, les hauts plateaux du centre. Vous dormirez en bivouac ou en écolodge.
En métropole
Terre d’aventure et Nomade Aventure
Les deux spécialistes du voyage autrement encadrent de nombreux circuits accompagnés, de deux ou trois semaines, où la marche est pied est de rigueur. « Terdav » précise que « certains problèmes de logistique demanderont à chacun d’entre vous un bon sens de l’adaptation aux réalités malgaches »… Et d’ajouter : « Une réelle acceptation des réalités locales, une bonne endurance à la chaleur sont de mise », à propos du circuit de 15 jours dans l’Est, atour du canal des Pangalanes. Nomade promet pour sa part un trekking dans « le monde perdu du Makay », où les randonneurs découvriront le royaume des Zafimaniry et grimperont au sommet du pic Boby (2658m). Trip classé niveau 3 « dynamique ».
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