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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans Libération
Le 7 avril 2007

Le virus défie la Nivaquine

Les tests du médicament annoncé comme prometteur révèlent son inefficacité.


Par DECLOITRE Laurent

La Réunion correspondance

La chloroquine n'aurait aucun effet sur la maladie de «l'homme courbé», le chikungunya, transmise par le moustique. Antoine Flahault, responsable de la cellule nationale de coordination des recherches sur ce virus, vient de l'annoncer. De quoi navrer les Réunionnais, traumatisés par cette pandémie (266 000 personnes ont été atteintes par la maladie depuis mars 2005), et qui avaient placé tous leurs espoirs dans la molécule, plus connue sous le nom de Nivaquine. Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé (remplacé depuis peu par Philippe Bas), leur avait promis un médicament «en fin d'année ou au début 2007», à base de chloroquine... Très active en laboratoire, mais finalement inefficace in vivo.

Kader se dit «surpris». En juin dernier, ce conseiller à l'ANPE se lève avec une migraine «terrible», de «fortes» fièvres, des douleurs «partout». Son médecin lui propose de participer aux tests de Prévenchik et lui prescrit de la chloroquine. «Dès le troisième jour, j'allais mieux ; aujourd'hui, je n'ai aucune séquelle. Mon coloc a eu le chik, il n'a pas pris de Nivaquine, il a encore des problèmes articulaires !» raconte Kader.

L'expérimentation va pourtant être stoppée. Le Réunionnais n'a peut-être reçu qu'un placebo, comme la moitié de l'échantillon. Le nombre des cobayes humains (82) se révèle par ailleurs insuffisant. Les chercheurs souhaitaient tester la chloroquine sur 250 malades. Or, les essais ont débuté alors que l'épidémie commençait à décroître. Jean-Alain Cadet, de l'association Citoyens contre le chik, est amer.Il se demande aussi pourquoi les tests n'ont pas été effectués chez les voisins indiens ou malgaches, également touchés. «Les essais à l'étranger sont très compliqués à mener», justifie Bernard Gaüzère, membre de la cellule nationale et chef du service de réanimation à l'hôpital de Bellepierre, à Saint-Denis.

Du coup, la chloroquine a été servie à des macaques, achetés à l'île Maurice, et transportés à l'animalerie ultrasécurisée du Commissariat à l'énergie atomique de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). «Cela n'a servi à rien», lâche Antoine Flahault. Tous les singes, «protégés» ou non par la chloroquine, sont tombés malades après l'injection du virus. Un médecin libéral du nord de l'île confie pourtant, dans l'attente d'un futur médicament et d'un vaccin : «Si j'attrapais le chik, je prendrais malgré tout de la Nivaquine, au cas où.»

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