Idriss Omarjee
Tout est politique
Célibataire sans enfants, le directeur de cabinet de Paul Vergès vit pour et par son grand homme, participant à "une oeuvre qui dépasse [sa] vie personnelle" ! Lycéen, Idriss Omarjee, 44 ans, pige pour Témoignages, le journal du PCR. Après des études à Sciences po Toulouse, il entre au service de Paul Vergès, qui l'accueille en 1990 au SivomR, le syndicat intercommunal qui regroupe alors les villes communistes du département. Huit ans plus tard, Idriss Omarjee le suit "naturellement" au conseil régional. Il ne se passe pas un jour sans que les deux hommes ne se voient ou ne se parlent au téléphone. "Parfois à demi-mot, il faut être prudent", lâche, un brin parano, Idriss Omarjee, qui évoque en termes marxistes "la technostructure" incapable de suivre le rythme des idées du "n° 10" de l'équipe de La Réunion... Le dir' cab, pour qui tout est politique, est aussi l'homme du "off", qui livre ses analyses à une poignée de journalistes choisis au fil des années. Ou qui chuchote à l'oreille de Paul Vergès : "La presse est partie, pas la peine de répondre à l'opposition" lors des assemblées plénières de la région. Souvent en vain, d'ailleurs...
Elie Hoarau
Le parti entre de bonnes mains
Il y a quarante-sept ans, ce jeune militant de la Jeunesse étudiante chrétienne fait la connaissance de Paul Vergès. C'est la révélation ! Elie Hoarau ne quittera plus le Parti communiste réunionnais, dont il sera l'élu à de multiples reprises, notamment à la mairie de Saint-Pierre de 1983 à 2001. A 71 ans, l'actuel député européen voue une fidélité sans faille à son mentor, assurant que "Paul Vergès est encore très fertile" (sic). Et de citer l'exemple d'Oscar Niemeyer, architecte brésilien âgé de 102 ans encore en activité. Les deux compagnons se voient "au moins une fois par semaine" au Port, dans les locaux du parti. Elie Hoarau, garant de l'orthodoxie et mécanicien hors pair des rouages de la machine électorale, en est le secrétaire général depuis 2002. La place lui a été cédée par Paul Vergès. Une marque de confiance dont Gélita Hoarau, l'épouse d'Elie, a également bénéficié en 2004, lorsque Paul Vergès a démissionné à son profit de son siège de sénateur.
Jean-Yves Dalleau
Le sherpa européen
Il n'est pas communiste mais... socialiste ! Pourtant, Jean-Yves Dalleau, conseiller technique au cabinet, a "l'oreille du président". En 1970, étudiant à Toulouse, il invite Paul Vergès, qui sort de deux ans de clandestinité, à la projection du documentaire anticolonialiste Sucre amer. Treize ans plus tard, il devient son adjoint à la ville du Port. Il le côtoie de nouveau au conseil régional, de 1984 à 1998, en tant que vice-président délégué aux affaires économiques puis européennes. Tout en dirigeant les cabinets de Gilbert Annette puis de Michel Tamaya, les maires PS de Saint-Denis. "Je faisais profiter la région de mon réseau dans le domaine complexe des aides européennes", confie Jean-Yves Dalleau. Paul Vergès ne s'y trompe pas et fait alors appel en 2001 à l'ancien médecin généraliste. Depuis, cet homme discret, un "bosseur", coincé dans un bureau étroit, suit les dossiers européens. L'enjeu est capital : Bruxelles, c'est 1,88 milliard d'euros versés à La Réunion pour 2007-2013. Aucun des grands projets de la région ne pourrait voir le jour sans cette aide.
Houssen Amode
L'intendance suit
C'est le seul ou presque à porter la cravate au conseil régional. Le directeur général des services, 65 ans, préside aux destinées de 1 600 agents et gère un budget annuel de plus de 700 millions d'euros. "Le président ne paraphe quasiment rien, j'ai délégation de signature en toute matière", apprécie Houssen Amode. Depuis 1971, date à laquelle Paul Vergès l'a recruté comme secrétaire général de la ville du Port, celui qui refuse de "faire la claque" ou de "tomber dans le fétichisme" a toujours assuré l'intendance. Il se dit toutefois "privilégié" de travailler avec le "monument" qu'est Paul Vergès... Président de l'association des musulmans de La Réunion, vice-président du conseil régional du culte musulman, Houssen Amode se définit comme un laïc. Après 39 ans de chemin commun, les deux hommes se vouvoient toujours et ne se fréquentent pas. A de rares exceptions, comme ces dîners que Houssen Amode organise à son domicile, où Paul Vergès et le préfet se retrouvent dans une ambiance moins tendue que lors des confrontations publiques...
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