Stations à « boue » de souffle
L'Express n°3112 du 23 février 2011
Par Laurent DECLOITRE - photo Pierre MARCHAL
La Réunion « île verte » alors que 9 des 14 stations d’épuration du département sont « non conformes », rapporte l’Office de l’eau ? Alors que huit maires sont mis en examen pour non respect des normes d’assainissement ? Que le lagon subit de ce fait « une forte dégradation », selon l’Institut de recherche pour le développement ?
« Aujourd’hui, à Saint-Benoît, les eaux usées sont rejetées sans traitement dans l’océan », reconnaît Jean-Claude Fruteau. Le député-maire, lui aussi inquiété par la justice, a réagi, comme l’ensemble de ses collègues. A ce jour, toutes les stations d’épuration de la Réunion subissent un lifting. Avec, à la clé, des répercussions sur les budgets assainissement des communes. A Saint-Benoît, la surtaxe acquittée par les usagers est passée de 23 à 65 centimes le mètre cube. « C’est le prix à payer pour respecter l’environnement », philosophe Jean-Claude Fruteau.
Le démonstrateur attend son heure
A Sainte-Rose, la commune investit, elle, dans une station révolutionnaire qui s’appuie sur un brevet déposé par Bioalgostral, une start-up réunionnaise. Le principe ? Des micro-algues marines vont se nourrir des nitrates et des phosphates issus des boues et eaux usées de la station, ce qui permet d’affiner leur traitement. « Surtout, on produit une biomasse, dont on peut extraire de l’huile, transformable en diesel ou en kérosène », détaille Laurent Blériot, le président de Bioalgostral.
Le biocarburant a déjà fait ses preuves puisqu’il a fait voler un avion en Allemagne. Mais le procédé demeure à l’état expérimental. Pour passer aux tests de pré-industrialisation, Bioalgostral souhaite installer un « démonstrateur », sur une zone de cinq hectares, peut-être à Pierrefonds. Un projet de 50 millions d’euros, difficilement réalisable sans bénéficier des subsides du Grand emprunt qui tardent à être délivrés. « On nous parle maintenant d’une avance remboursable. Nos partenaires industriels commencent à se poser des questions », soupire Laurent Blériot. Le démonstrateur permettrait de produire 200 000 litres de biocarburant, à l’horizon 2016. Et, si les résultats se révélaient concluants, entre 30 et 50 millions de litres en 2030, étape ultime du programme Gerri.
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