Graziella Leveneur, la féministe
Elle a succédé à Huguette Bello au secrétariat général de l’Union des femmes réunionnaises (UFR) en 1995, trois ans après l’avoir rencontrée. « L’étincelle » a jailli entre la prof d’allemand et la directrice d’école : « Je militais pour la cause culturelle, raconte l’auteur du roman en créole « Dofé dan paille canne ». L’engagement politique est venu avec Huguette Bello ». Ensemble, elles créent des comités de femmes sur toute l’île, arpentent les rues de Saint-Pierre pour aider le PCR à conquérir la commune. Graziella Leveneur devient conseillère régionale en 1998, conseillère municipale en 2001. Mais par « peur de se retrouver dans le collimateur », elle ne fait pas carrière, préférant œuvrer à l’ombre de sa « compagne de lutte ». En 2008, Huguette Bello, élue maire de Saint-Paul, la choisit comme directrice de cabinet. « Je suis chanceuse d’avoir sa confiance, mais je ne la sacralise pas. Sa réussite est la mienne et celle de toutes les femmes de La Réunion. » Comme toujours chez les deux amies -« mais pas copines »-, politique et féminisme vont de pair : Graziella Leveneur instruit les innombrables sollicitations adressées à la députée-maire tout en travaillant aux nouveaux statuts de l’UFR. « Les femmes comme les Créoles sont dans une position de domination. Il faut lutter pour occuper des espaces de pouvoir, combattre pour défendre les minorités et les exclus », vibre l’ancienne choriste de Ziskakan.
Jean-Marc Gamarus, le prêcheur
Voix enrouée, yeux fermés, le disciple d’Huguette Bello raconte son « sacerdoce » et sa « mission », paumes offertes au ciel saint-paulois : « En tant que premier adjoint de la maire, je suis à la fois le fusible, le trait d’union et le camarade de lutte ». Jean- Marc Gamarus, délégué au culte, au personnel et aux marchés publics, puise dans la foi chrétienne pour « cultiver droiture, harmonie et humilité. » Issu d’une famille de sept enfants, éduqué par une « mère courage » illettrée, le fervent pratiquant a grandi dans un bidonville du Bas-de-la-Rivière (Saint-Denis), milité aux Jeunesses ouvrières chrétiennes avant de rejoindre le PCR et la CGT-Réunion. L’électricien de la cité scolaire du Port grimpe les échelons, devient leader syndical, puis membre du comité central du parti. Il donne « le coup de main » à Paul Vergès, puis à Huguette Bello lors des municipales à Saint-Paul, qui se soldent par des échecs. Jusqu’à la victoire de 2008. « Je remercie Madame la maire de m’avoir accordé sa confiance, psalmodie-t-il. C’est une femme d’exception et d’honneur. » Le schisme des régionales de 2004, lorsqu’Huguette Bello refuse de participer à la liste de Paul Vergès, le désole : « Les dirigeants canal historique ont dévoyé le parti, tourné le dos aux gens de peu et nous ont excommuniés. »
Alain Saint-Lys, l’intendant
Parce que l’argent est le nerf de la guerre politique qu’elle livre aujourd’hui au PCR, Huguette Bello a confié à l’un de ses fidèles compagnons le soin de gérer les finances de son nouveau parti. Alain Saint-Lys, qui n’a connu qu’un seul employeur depuis la fin de ses études en 1997, est le trésorier de l’association de financement « Pour la Réunion, de toutes nos forces », le nom officiel de la machine montée par l’ex-communiste. Diplômé d’une maîtrise de sciences économiques, le collaborateur
du cabinet de la maire excelle dans les comptes de campagne comme dans la coordination des troupes. Ancien secrétaire de la section du PCR à Saint-Paul, il a rallié à sa cause la quasi-totalité des militants : en août dernier, 750 d’entre eux ont participé à une sortie festive en bus... L’homme, discret et modeste, qui sait « faire la part des choses » lorsque sa patronne « tempête », a la fibre sociale : président d’une association de chômeurs de la Grande-Fontaine (Saint-Paul), aujourd’hui dissoute, et d’une association portoise, qui organise des vacances pour jeunes défavorisés, Alain Saint-Lys a longtemps écouté les doléances des administrés à la permanence d’Huguette Bello, chaussée Royale. Après s’être occupé de démocratie participative à la mairie, le contrôleur de gestion chasse aujourd’hui les gaspillages. Les sous, toujours les sous : ceux du parti comme ceux de la commune.
Sonia Chane-Kune, la plume
Depuis Paris, elle rédige les questions, écrites ou orales, qu’Huguette Bello pose dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, mais aussi les discours prononcés à La Réunion, à l’occasion des meetings ou des cérémonies protocolaires. Sonia Chane-Kune, l’attachée parlementaire de la député, est également sa « plume », au rôle de plus en plus politique depuis la brouille avec le PCR. Pourtant, c’est Paul Vergès, alors sénateur, qui recruta en 1997 cette fille de militant bénédictin pour constituer « un pool », auprès des trois députés communistes de l’époque : Huguette Bello, Claude et Elie Hoarau. L’auteur de « La Réunion n’est plus une île » et de « Aux origines de l’identité réunionnaise » se souvient d’un travail en commun, « la main dans la main ». Aussi, la rupture fut-elle vécue comme « un choc violent », sans ébranler pour autant les convictions de la docteur en géographie politique. Sans hésitation, Sonia Chane-Kune est restée aux côtés de sa patronne, « une femme courageuse qui sait prendre des risques. »
Emmanuel Séraphin, le multicartes
A huit ans, il vendait à la criée Témoignages, le journal du parti communiste réunionnais. « La politique était très dure dans les années 80, ma sœur fut piétinée par des nervis de droite, qui désossèrent aussi la voiture de mon père », se souvient le conseiller municipal. Pourtant, « ce n’était rien en comparaison de l’année 2011 », soupire Emmanuel Séraphin, surnommé « Monsieur requin » -il déteste- en raison de son implication dans ce dossier sensible. « Quand on survit à l’incendie du Maïdo, à la grève de la faim des squatteuses, aux attaques de squales et à la rupture d’avec le parti, on peut survivre à tout ! » Le délégué à l’Aménagement et aux Finances joue un rôle beaucoup plus important que ne laisse croire sa position de treizième adjoint. Huguette Bello s’appuie ce diplômé d’une maîtrise d’économie non seulement pour piloter nombre de projets municipaux, mais aussi pour structurer, avec Alain Saint- Lys, l’organisation des militants. Autre atout de l’ancien membre du comité central du PCR : il est également le directeur de cabinet du Territoire des communes de l’ouest, la structure intercommunale à laquelle est rattaché Saint-Paul, et dont l’actuel président n’est autre que Jean-Yves Langenier, l’adversaire communiste d’Huguette Bello lors des dernières législatives. Un pion essentiel, donc, dans l’écheveau politique, le TCO étant le maître d’œuvre d’un projet emblématique : l’éco-cité de Saint-Paul.
L.D.
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