« Elle est dans la protestation, pas dans la construction »
L’opposition saint-pauloise dénonce l’autoritarisme et l’immobilisme de la maire.
« Saint-Paul est la seule ville de France de plus de 100 000 habitants à être dirigée par une élue d’extrême-gauche. » Sandra Sinimalé, conseillère municipale UMP, en veut pour preuve l’inscription d’Huguette Bello au groupe Gauche démocrate et républicaine à l’Assemblée nationale, au côté de Jean-Luc Mélenchon. Mais la députée-maire a aussi soutenu François Hollande aux présidentielles et aura bien du mal à jouer la révolutionnaire à Saint-Paul. Si tant est qu’elle le désirerait…
Le logement social, son cheval de bataille ? « Il faudra vingt ans pour respecter le seuil réglementaire des 20%, au rythme des financements de l’État, », soupire le premier magistrat, alors que près de 7 000 habitants attendent aujourd’hui un toit. La médiathèque, espérée depuis des années ? Le chantier a pris du retard, en raison d’un appel d’offres infructueux. L’Éco-cité, bprésentée comme un exemple de ville durable qui devrait s’étendre sur Saint-Paul, La Possession et Le Port et compter 15 000 foyers ? Le gigantesque projet n’est pas prêt de sortir de terre. Et pour cause : le cabinet d’architectes et d’urbanisme n’a pas encore été désigné.
« Que de temps perdu, tempête Alain Bénard, l’ancien maire. « Son truc, c’est la défense des grandes causes comme l’anticolonialisme, mais pas la gestion de projets communaux. Huguette Bello est dans la protestation constante, pas dans la construction », assure l’ex-patron de la droite locale. Parce qu’elle dit vouloir déléguer, l’actuelle maire vous redirige facilement vers ses adjoints pour le détail des travaux en cours, à l’instar de ceux du camping municipal, qui ouvrira le 20 décembre. Son prédécesseur cite encore le cas de l’hippodrome, remisé à l’écurie. Huguette Bello assume : « Il y a d’autres priorités que de faire des paris ! La droite est restée immobile durant cinquante ans à Saint-Paul, je ne suis aux affaires que depuis quatre ans. »
Un laps de temps suffisant, selon Cyrille Melchior pour dresser un bilan évidemment négatif : « À part l’achèvement des projets de l’équipe précédente comme la rénovation du centre-ville, elle n’a pas fait grand chose, lance le conseiller général UMP. Sa seule qualité est d’être une excellente communicante. »
Huguette Bello serait « habile à attirer les projecteurs », et tout aussi prompte à couper les micros. Au sein du conseil municipal, Rose-Marie Gras en témoigne, encore « étonnée et déçue ». Issue de la société civile, « plutôt à gauche », la directrice de l’association « Pour l’utilisation du rein artificiel à la Réunion » et co-fondatrice de la clinique Omega s’est vu retirer sa délégation à la santé et aux associations. Son crime ? Avoir soutenu un ami « de longue date », Jean-Yves Langenier, candidat PCR aux législatives, l’adversaire d’Huguette Bello. Naïve, Rose-Marie Gras ne pensait pas que « la politique est un monde si cruel »…
Son collègue Gérald Incana, conseiller municipal et toujours adjoint au Développement économique, vient lui-aussi du privé. Le gérant de station essence a été élu vice-président du conseil général, avec le soutien actif d’Huguette Bello ; il n’en porte pas moins un certain recul sur la gestion des affaires municipales de sa patronne : « Certes, il faut de la poigne pour en arriver là, mais la communication entre élus mériterait d’être améliorée. » Et de conclure, mi-figue, mi-raisin : « J’avais un père autoritaire ; avec Huguette Bello, je ne vois pas trop la différence… »
L.D
Commenter cet article