Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.
La compagnie, en proie à des difficultés économiques, sollicite le soutien des collectivités et poursuit le pari de l’A380 pour baisser, enfin, le prix de ses billets.
Laurent DECLOITRE, l'Express du 18 janvier 2012
La vente de l’un des ses six gros porteurs, la suspension en mars des lignes sur l’Asie et l’Océanie, la réduction de la desserte en métropole… Serrez vos ceintures ! Air Austral a enregistré un résultat négatif de 23,9 millions entre avril et septembre dernier et prévoit 27 millions de perte sur l’exercice 2011-2012. La faute au prix du kérosène, selon Gérard Ethève, directeur général de la compagnie : « Nos lignes sont déficitaires parce quele carburant a augmenté de 50 % en deux ans. » Trop facile, rétorquent certains actionnaires. « Il a mené une politique maladroite, estime l’un d’eux. On a flambé notre cash en achetant des avions neufs et on perd un argent fou en les revendant ! » Reste qu’aujourd’hui, la compagnie cherche désespérément du liquide. Gérard Ethève a convoqué une assemblée générale extraordinaire en décembre pour obtenir une augmentation de capital de 20 millions d’euros et souscrire un emprunt obligataire de 20 autres millions. « Le renforcement des fonds propres a pris un caractère d’urgence », a reconnu le patron d’Air Austral, qui parle de « tournant préoccupant ». La région et le département, actionnaires principaux de la compagnie à travers la Sematra, ont accepté de mettre la main à la poche. Mais les élus commencent à s’interroger sur « sa dépendance aux fonds publics ». Certains conseillers généraux préconisent même un désengagement de leur collectivité. « Cela ne nous gênerait pas de diminuer nos parts », glisse un des vice-présidents. Didier Robert, le président du conseil régional, a, lui, demandé « une expertise des comptes prévisionnels », repoussant de quelques semaines l’augmentation de capital. L’élu n’avait toujours pas digéré que son adversaire politique, le sénateur communiste Paul Vergès, soit maintenu à la présidence du conseil de surveillance d’Air Austral…* Une question d’autant plus délicate que Gérard Ethève demande 25 millions supplémentaires aux deux collectivités, cette fois pour sa filiale Outre-Mer 380, afin de boucler le tour de table de la société, qui se monte à 100 millions d’euros. * Didier Robert a, depuis le bouclage de ce n° de l'Express, obtenu le renvoi de Paul Vergès et pris sa place à la présidence du conseil de surveillance.
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