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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans Libération

Libération - Terre 17/09/2010

Dans l’océan Indien, les pêcheurs pirates ont de la ressource

Par LAURENT DECLOITRE LA RÉUNION, de notre correspondant

 

Dans les soutes du Shun Feng, 3,2 tonnes d’ailerons de requins. Soit 65 tonnes de squales pêchés, dépecés et rejetés à la mer ! Le palangrier pirate, sous pavillon taïwanais, a été arraisonné début septembre, 200 km à l’ouest des côtes de Madagascar par un patrouilleur de la Commission de l’océan Indien (COI), qui participe à la surveillance de la zone économique exclusive (ZEE) de ses membres. C’est-à-dire les Seychelles, les Comores, Maurice, Madagascar et la France, présente via la Réunion, les îles Eparses dans le canal du Mozambique et les Terres australes et antarctiques françaises, dans le grand sud. Les ailerons de requins, très prisés sur le marché asiatique, sont convoités dans cette partie du monde, comme le thon ou encore la légine, un poisson dont sont friands les Japonais et les Américains.
La ZEE des territoires français de l’océan Indien s’étendant sur plus de 2,8 millions de km², la Réunion est elle-même à la pointe de la lutte contre la ruée vers «l’or blanc». Entre 1997 et 2001, 22 navires pirates ont été arraisonnés par la marine nationale, la dernière interception remontant à l’an dernier. Mais la zone est immense : il faut parfois deux semaines pour rejoindre un palangrier suspect ! Aussi, outre la coopération avec la COI dans la partie nord, la France et l’Australie se sont entendues pour surveiller ensemble leur zone économique exclusive, près des îles Kerguelen, à plus de 3 000 km au sud de la Réunion.
Autre renfort, inattendu : les «prises de guerre». En juin 2004, le patrouilleur l’Albatros repère des pirates, qui prennent la fuite malgré des coups de canon et des tirs de mitraillette. Après une course-poursuite, le navire est intercepté ; rebaptisé Malin, il appartient désormais à la Royale et participe à la traque de ses anciens comparses. Le Lince avait connu le même sort en 2003 : l’Osiris - son nouveau nom - est financé conjointement par les Affaires maritimes et les armateurs privés de la Réunion, qui ont tout intérêt à couler l’activité de leurs concurrents hors-la-loi.

Mais la France bénéficie d’une arme plus redoutable encore : le radar et le satellite. Les pirates ont cependant trouvé la parade : ils opèrent désormais hors des ZEE nationales, près du pôle Sud. Là, ils peuvent être observés, harcelés… mais pas appréhendés s’ils ne font pas partie des 25 pays signataires de la Commission pour la conservation de la faune et la flore marine de l’Antarctique.


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