Lundi 9 mars 2009 (blog)
Comment couper l'herbe sous les pieds du Cospar, le Collectif des organisations, syndicats, partis et associations de La Réunion, qui appelle à la grève générale demain ? Le préfet Pierre-Henry Maccioni, qui affirme jouer un simple « rôle de notaire » entre les parties, a annoncé ce soir à Saint-Denis une baisse surprise des carburants (6 ct sur le litre de gazole, 4 ct sur le litre de sans plomb et 3 euros sur la bouteille de gaz). « Insuffisant », rétorque Jean-Hugues Ratenon, de l'association Agir pou nout tout, au nom du Collectif, qui a pris le relais des Antilles pour réclamer à son tour des « mesures d'urgence sociale » à La Réunion.
La réaction du Cospar est identique après la proposition du Medef d'accorder une augmentation de 50€ pour les salariés gagnant jusqu'à 1,4 fois le smic (voir l'interview de François Caillé). « Les choses n'avancent pas véritablement, les positions patronales ne sont pas claires », déplore Ivan Hoareau, leader de la CGT Réunion en sortant de la préfecture où s'enchaînent les rounds de négociation. De fait, la CGPME, qui représente les petites entreprises, préfère parler de « primes d'intéressement », alors que les trois chambres consulaires (commerce, métiers et agriculture) assurent que les TPE n'ont pas les moyens de payer.
Plus déconcertant : le préfet, « raisonnablement optimiste », laisse entendre que la Région et le Département s'apprêtent à abonder l'augmentation de salaire de 25€ chacun, comme l'ont fait les collectivités de Guadeloupe. « Si le président Vergès et Nassimah Dindar étaient à la réunion, ce n'était pas pour dire non, précise Pierre-Henry Maccioni. Ils ne sont pas fermés ». Pourtant, le discours de la présidente du conseil général est d'une toute autre tonalité, devant les journalistes massés à la grille de la préfecture du Barachois, à Saint-Denis : « Le conseil général ne veut pas d'un accord semblable à celui signé en Guadeloupe ou en Martinique ». Pour la présidente UMP, la priorité est de s'occuper de ceux qui en ont le plus besoin, notamment les bénéficiaires des minimas sociaux, en aucun cas les salariés. « C'est un moyen de garder la cohésion sociale, sinon, on risque une nouvelle explosion du Chaudron », assure Nassimah Dindar. A ses côtés, Paul Vergès, le président de la Région, approuve : « On ne peut pas nous demander de livrer des routes et des lycées et de distribuer en même temps dans des salairesl'argent de l'aménagement du territoire ».
Les négociations avancent également « ti pat i pa »* sur la question du prix des produits de première nécessité, autre revendication du Cospar. Après avoir boycotté les réunions, pour cause de blocage des hypermarchés de l'île par les manifestants, la fédération des entreprises de commerce et de la grande distribution a assoupli sa position. Elle propose désormais une baisse de 5 à 20% sur 125 familles de produits. Le Cospar, qui réclame 20% sur 500 articles, estime être encore « loin du compte ».
Les discussions doivent reprendre mercredi, après une nouvelle journée de grève générale et de manifestations demain, à Saint-Denis et Saint-Pierre. Jeudi dernier, le Cospar avait mobilisé plus de 20 000 personnes, un succès qu'il n'est pas certain de rééditer.
L.D.
* lentement
François Caillé, président du Medef Réunion
La mort dans l'âme...
Le Medef propose 50€ en faveur des bas salaires, après avoir longtemps assuré que les entreprises n'avaient pas les moyens d'une telle augmentation...
- C'est un effort plus que significatif. Très clairement, sans les Antilles, on n'en serait pas là aujourd'hui. On subit les ricochets de plein fouet de ce qui s'est passé là-bas. Les conséquences seront extrêmement négatives pour les entreprises de La Réunion.
Pourquoi cette proposition alors ?
- Cette décision ne peut se justifier économiquement. C'est une décision politique. En face de nous, on a des gens qui disent « Non, non, sinon on fout le feu ». On a fait le choix de donner la priorité à la stabilité sociale.
L'augmentation du pouvoir d'achat est une revendication légitime...
- La cohésion sociale passe par l'emploi. Je sais que ce n'est pas dans l'air du temps, mais je dis et répète que l'emploi doit passer avant le pouvoir d'achat. Les salariés, qu'ils gardent ce qu'ils ont, l'effort doit porter sur ceux qui n'ont pas de travail.
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