Des patients atteints de chikungunya au centre hospitalier Ouest-Réunion (CHOR) à Saint-Paul, le 10 avril 2025. (Richard Bouhet/AFP)
Alors qu’on pensait l’immunité à la maladie acquise à vie, plusieurs personnes font état de recontaminations, possibilité admise par les infectiologues de l’île. Le directeur de l’ARS assure cependant que le «pic» épidémique est passé.
Libération du 14 avril 2025
De notre correspondant Laurent Decloitre
Il y a les chiffres et la réalité du terrain. Depuis le début de l’année, l’épidémie de chikungunya qui frappe la Réunion a causé la mort de deux personnes et fait plus de 27 000 malades avérés. Parmi eux, 36 cas graves signalés, dont 16 nouveau-nés et nourrissons, dans «un état clinique sévère», pris en charge en soins intensifs. Mais en réalité, l’épidémie est d’une tout autre ampleur. Face au trop grand nombre de cas, les médecins de ville ne prescrivent plus systématiquement de prise de sang pour confirmer la présence du virus. Du coup, les méthodes de calcul viennent de changer. «Les estimations de Santé publique France donnent en fait 70 000 patients atteints depuis le début de l’année», lâche Nicolas Thévenet, directeur adjoint Veille et sécurité sanitaire à l’agence régionale de santé (ARS) de la Réunion.
«On a franchi le pic», a assuré, ce lundi 14 avril sur France Info, Gérard Cotellon, le directeur général de l’ARS, évoquant une «épidémie sous contrôle». Mais comme le nord de l’île est relativement épargné, «un rebond» est possible si Saint-Denis, le chef-lieu, est atteint à son tour, estime son adjoint. Face à cette perspective inquiétante, l’Etat mobilise cette semaine l’armée : 120 militaires du Régiment du service militaire adapté viennent en renfort des 200 agents de l’ARS et des 400 emplois aidés des collectivités. Mais contrairement à 2005-2006 (165 000 personnes avaient alors été touchées par l’épidémie), aucune pulvérisation globale d’insecticide n’est envisagée et même les quartiers où les cas sont nombreux ne sont plus traités. Seuls les nouveaux foyers dans des zones encore peu touchées sont l’objet de traitements.
«Au fil des années, l’immunité s’amenuise»
Tout aussi inquiétante, la rumeur insistante selon laquelle il serait possible de reprendre, vingt ans après, le «chik». Sur son site, l’ARS est catégorique : «Une fois qu’une personne a contracté le virus du chikungunya, et après la guérison, elle développe une immunité durable contre de futures infections. Elle ne peut donc pas contracter le virus une deuxième fois.» Mais de nombreux Réunionnais n’y croient pas. «C’est une saloperie ce moustique-là ! C’est la deuxième fois que je l’ai», assure Sylviane, à Saint-Joseph, dans le sud de l’île. La mère de famille est... (lire la suite sur Libération)
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