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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans Libération
Dans les bidonvilles, pas d'eau courante, mais l'eau des puits ou des rivières. (LD)

Dans les bidonvilles, pas d'eau courante, mais l'eau des puits ou des rivières. (LD)

Alors que le risque de contagion est élevé sur l’île faute d’accès régulier à l’eau potable, aucune campagne de vaccination n’a été lancée. L’ARS a cependant mobilisé des équipes pour empêcher la propagation de la maladie en provenance des Comores.

Libération du 20 mars 2024
De notre correspondant à La Réunion
,
Laurent DECLOITRE

Une surveillance renforcée à l’aéroport et au port de Mayotte… Les autorités françaises se doutaient bien que la mesure serait insuffisante pour empêcher le choléra de se propager sur l’île, depuis que le vibrion circule dans les Comores voisines. L’archipel, parmi l’un des plus pauvres au monde, est en effet en proie à une épidémie de choléra depuis le 2 février. Le 13 mars, le ministère de la Santé de Moroni, la capitale, annonçait 227 cas et 12 décès, confirmant que «cette maladie mortelle est de retour». Or, tous les jours ou presque, des Comoriens fuient leur pays et tentent d’accoster sur l’eldorado français, pour y trouver du travail, s’éduquer, se soigner aussi. C’est sans doute ce qui a motivé une femme originaire d’Anjouan, à seulement 70 km de Mayotte, arrivée dimanche à bord d’un «kwassa-kwassa», une barque motorisée pilotée par un passeur. Souffrant de vomissements et de diarrhées, la migrante de 23 ans a appelé le Samu. Prise en charge au village de Passamaïnty, dans la banlieue sud du chef-lieu Mamoudzou, elle a été hospitalisée et isolée dans une unité dédiée à l’épidémie. Aujourd’hui, son état est «stable» et elle reste en observation au centre hospitalier de Mamoudzou.

Antibiotiques en prévention

Le kwassa qui l’a transportée n’a pas été intercepté par les forces de l’ordre et ses quelque 30 occupants, en situation illégale, se sont éparpillés dans la nature. Ils risquent d’avoir été contaminés par la passagère et de provoquer le début d’une épidémie sur Mayotte. Même si le choléra est rarement fatal lorsque le patient est soigné, l’Agence régionale de santé a mobilisé ses «équipes d’investigations médicales et paramédicales» pour retrouver les clandestins, les soigner et désinfecter les lieux de leur résidence. «Pas évident, mais on en a déjà pris en charge cinq», indique-t-on à l’ARS. Ils ont été testés négatifs. Par ailleurs, deux cas contacts de la malade ont reçu des antibiotiques en prévention et près de 70 riverains ont été vaccinés.

Le risque de contagion est élevé à Mayotte, en raison d’un accès à l’eau potable pour le moins aléatoire : selon les derniers chiffres de l’Insee de 2017, 29 % des logements n’ont pas d’eau courante, soit plus de 80 000 personnes concernées. Et six logements sur dix sont dépourvus de confort sanitaire de base, comme des toilettes et une douche. Une insalubrité qui favorise la propagation du choléra, tout comme la sécheresse drastique qui a sévi ces derniers mois sur l’île. Face aux robinets fermés, de nombreux habitants ont consommé de l’eau impropre, conduisant le gouvernement à rédiger un arrêté en décembre qui prévoyait «de prendre les mesures d’urgence» et d’enjoindre le directeur général de l’ARS «d’organiser une campagne de vaccination au bénéfice de la population exposée au risque de contracter le choléra, la typhoïde ou les virus de la poliomyélite et de l’hépatite A».

"Plusieurs milliers de doses» commandées"

Or, aucune campagne de vaccination n’a été lancée, comme s’en justifie... (Voir la suite sur Libération)

 

Pas d'eau courante dans les bangas de Mayotte. (LD)

Pas d'eau courante dans les bangas de Mayotte. (LD)

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