L'équipe de Globice quelques secondes avant la pose d'une balise Argos sur le dos d'une baleine à bosse, au large de La Réunion. (Adrien Fajeau)
Près de l’île, la présence exceptionnellement importante des cétacés attire les touristes et interroge les chercheurs qui posent des balises sur les mammifères, permettant d’analyser leur migration jusqu’au pôle Sud.
Libération du 28 septembre 2022
De notre correspondant Laurent Decloitre
Les fans de fanons sont perplexes. Pourquoi, depuis juin, des dizaines de baleines à bosse soufflent-elles d’incessants geysers à quelques mètres des plages de l’ouest de la Réunion ? Pourquoi l’horizon est-il découpé en d’innombrables «V» noirs et blancs, ces nageoires caudales que les somptueux monstres marins de 30 tonnes et d’une quinzaine de mètres dressent avant de plonger ? L’an dernier, seules treize baleines avaient été aperçues au large de l’île. Cette année, les scientifiques espèrent comptabiliser 300 cétacés d’ici octobre, soit au moins autant qu’en 2017 et 2018. Un record pour le whale watching, devenu localement une attraction touristique, mais qui reste encore une énigme. «On espère comprendre le pourquoi de cette fréquentation aléatoire, qui soulève bien des hypothèses», sourit Violaine Dulau, la directrice de Globice, une ONG réunionnaise dédiée à la connaissance et la conservation des baleines. Le réchauffement climatique et la fonte des glaces de l’Antarctique, où vivent les baleines à bosse de l’hémisphère Sud, pourraient expliquer la variation des vagues migratoires : les Megaptera novaeangliae – leur nom scientifique – parcourent habituellement plus de 6 000 km, entre juin et octobre, pour gagner les eaux tropicales de la Réunion, Madagascar, Mayotte, mais aussi de l’Australie. Là, dans les eaux chaudes et peu profondes, elles se reproduisent et mettent bas. La fluctuation des courants sous-marins ou encore la répartition changeante du krill, ces petites crevettes dont se nourrissent les cétacés, pourraient également avoir une influence. Mais rien de sûr.
Spectacle époustouflant
Aussi, Globice a lancé le projet Miromen II, grâce à des fonds européens, pour suivre les baleines tout au long de leur route migratoire. L’idée est de les marquer en leur implantant une balise Argos, qui enverra des données par satellite. Simple sur le papier, plutôt ardu à mettre en place au creux des vagues de l’océan Indien !
La preuve, ce lundi matin, face à la station balnéaire de Saint-Gilles-les-Bains : cela fait une heure que l’équipe de Globice navigue à bord du petit bateau de l’Office français de la biodiversité, dont les inspecteurs contrôlent le bon déroulement des opérations. Nous avons déjà observé plusieurs mères avec leur baleineau joueur et curieux mais aussi des mâles, isolés ou au plus près des femelles. Régulièrement, des baleines percent la surface et s’élèvent dans les airs, avant de retomber dans un splash sonore impressionnant. D’autres présentent leur ventre au soleil ou frappent la surface de leur longue nageoire pectorale. Pour jouer ? Pour se débarrasser de parasites ? Là encore, on n’en sait rien. Une chose est sûre : le spectacle est époustouflant. Mais il ne fait pas l’affaire des scientifiques de Globice. «Quand elles sociabilisent comme ça, on ne peut pas les approcher et les taguer, elles bougent trop», explique Jean-Marc Gancille, le responsable de la communication, en évoquant la pose des balises Argos.
Les émetteurs satellitaires sont déployés à l’aide... Lire la suite sur Libération.
C'est cette balise, avec la petite antenne, qui va permettre de suivre les baleines jusqu'en Antarctique. (Globice)
Commenter cet article