Malgré le temps ensoleillé et l'eau à plus de 25°C, les baigneurs n'ont pas afflué ce lundi et ceux qui ont répondu présents étaient privés de bronzage.
De notre correspondant Laurent DECLOITRE, Libération du 11 mai 2020
Voilà qui conforte l’adage selon lequel les Réunionnais ne seraient pas un peuple tourné vers la mer : ce lundi, premier jour de déconfinement, les plages de l’île sont restées quasi vides. L’eau était pourtant à plus de 25°C et le temps ensoleillé. Une surprise, après deux mois de privation, alors que le préfet de La Réunion avait autorisé la baignade sur quatre communes de l’ouest et du sud du département d’outre-mer.
Mais le cadeau était tronqué : nager, oui, mais interdiction « de s’allonger sur le sable et de bronzer »… Un peu compliqué, comme en a fait les frais Christine sur la plage de Boucan Canot, bordée de restaurants, fermés, et d’hôtels de standing. « J’étais sur ma serviette, quand des policiers municipaux m’ont demandé de partir », raconte la secrétaire médicale, qui avait roulé plus d’une heure, habitant le centre montagneux de l’île. La plaisancière dit ne pas comprendre comment on peut se baigner sans s’asseoir un moment, mais est malgré tout heureuse d’avoir profité de l’air iodé. Henri, venu en famille, a lui-aussi eu droit au rappel à l’ordre. « On venait de se baigner dans la piscine d’eau de mer et on se reposait. Du coup, on s’est remis en mouvement », philosophe l’auto-entrepreneur. Un de ses garçons joue à la balle, l’autre pousse un cri en découvrant un coquillage…
A quelques kilomètres le lagon de l’Ermitage est lui-aussi déserté, tout comme celui de Saint-Leu. « Les gens ont encore peur du virus », estime Marie, qui a repris son travail chez un opticien. La Réunion est pourtant en zone verte et ne comptabilisait dimanche aucun nouveau cas. La Saint-Leusienne est en train de pique-niquer, malgré l’interdiction préfectorale, à l’ombre de filaos, ces conifères qui poussent à quelques mètres de l’eau. « D’habitude, je déjeune dans des snacks, mais ils n’ont pas encore le droit d’ouvrir »… Quant à ses enfants, toujours en vacances scolaires, ils n’ont pas demandé la plage… mais leur mamie. De quoi dépiter Noah, en train d’installer le groupe électrogène de sa camionnette. Le jeune homme vend des glaces et s’attendait à davantage d’affluence.
Seule la plage de Saint-Pierre, au sud de l’île, a attiré un peu de monde « une cinquantaine de familles », selon les maîtres-nageurs. C’est peu pour un lagon très fréquenté en temps normal, qui donne directement sur le centre-ville. Et là aussi, il était demandé de ne pas « rester de manière prolongée ». Les coups de soleil attendront donc.
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