Libération du 26 mars 2017
De notre correspondant Laurent DECLOITRE ; photos Pierre MARCHAL
CAMPAGNE
A La Réunion, Macron engrange les soutiens
Le candidat d’En Marche à la présidentielle boucle aujourd’hui une visite de deux jours à La Réunion et une escale à Mayotte.
Au lendemain d’un meeting sans grand souffle, Emmanuel Macron s’est félicité, depuis La Réunion dimanche 26 mars, du soutien que s’apprêterait à lui apporter Dominique de Villepin. Le candidat à la présidentielle a salué « la vision et les engagements » de l’ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac. Satisfait, mais pas surpris : « On est en train de recomposer la vie politique française. Notre mouvement, d’abord porté par la société civile, est aujourd’hui rejoint par des élus de gauche, de droite, du centre et ça va continuer ». Emmanuel Macron, soutenu à La Réunion par un député centriste et des parlementaires socialistes, s’est également réjoui du ralliement, à Paris, de dix sénateurs de l’UDI, rejetant l’idée d’un recentrage à droite de son mouvement.
Interrogé sur la situation très tendue dans un autre territoire d’outre-mer, la Guyane, le favori des sondages a « appelé au calme », estimant que « bloquer les aéroports et le fonctionnement de la société ne peut être une solution ». Face à cette crise, il promet « d’engager l’Etat » et d’appliquer le Pacte d’avenir, proposé par l’actuel gouvernement. Pas de « grandes promesses » donc, ni de « discours lyriques », comme il l’a répété dans la matinée, en sillonnant les travées du marché du Chaudron, un quartier populaire de Saint-Denis, le chef-lieu de l’île. Interpelé par Thérèse, une ancienne femme de ménage de 70 ans, sur le montant de la retraite, Emmanuel Macron a rappelé qu’il augmentera de 100€ le minimum vieillesse et qu’il harmonisera les 37 systèmes de retraite actuels. « Fonctionnaires, salariés du privé, agriculteurs… », tout le monde à la même enseigne.
Recevant un accueil chaleureux des badauds, il a pris le temps d’écouter longuement les doléances des Réunionnais, frappés par un chômage de 22,4% selon les derniers chiffres de l’Insee. Devant un étal de gingembre, il a souri à un chômeur qui le prenait pour « un sorcier », précisant aussitôt que l’Etat n’allait pas lui donner un emploi, mais que lui se faisait fort de « faciliter la vie des entreprises ». Et d’évoquer l’aide de 15000€ sur trois ans pour tout employeur qui recrutera un CDI dans les quartiers difficiles.
Emmanuel Macron a par ailleurs fait sienne une vieille revendication de ses alliés locaux : il modifiera la Constitution française, « dans la deuxième partie » de son mandat, pour permettre à La Réunion, comme les autres territoires d’outre-mer, d’adapter certaines règles nationales à la situation de l’île. Cette mesure avait été rendue impossible après l’adoption par la droite d’un amendement « scélérat », pour reprendre l’expression d’un élu socialiste.
L’ancien ministre de l’Economie a ensuite visité une start-up, spécialisée dans l’édition de logiciels pour la grande distribution. Fouad Mazouz, le pdg d’origine marocaine, n’ambitionne pas moins de devenir « leader mondial » dans cette niche, lui qui exporte ses solutions digitales dans de nombreux pays. Le chef d’entreprise s’est dit séduit par l’approche « humaniste » du candidat sur la question des réfugiés en Europe, lui qui emploie au sein de sa société « des ingénieurs chinois, arabes, indiens… »
Ce multiculturalisme, Emmanuel Macron l’a encore apprécié en rencontrant les membres du groupe de dialogue inter-religieux de La Réunion, passage obligé de tous les candidats à la présidentielle. Son escale, en fin d’après-midi avant un retour en métropole dans la soirée, à Mayotte, promettait d’être moins consensuel… Le 101ème département français est confronté à une très forte immigration clandestine et des problèmes récurrents d’insécurité.
De notre correspondant, Laurent DECLOITRE
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