L'Express du 8 avril 2015, de notre correspondant Laurent DECLOITRE, photos Pierre MARCHAL
Sept îles de l’océan Indien se sont regroupées sous le label Vanille pour attirer les touristes. Leur complémentarité profite surtout à Maurice.
L’an dernier, les voyages combinés (visite de deux destinations durant le séjour) ont augmenté de 15% dans l’océan Indien. Maurice en a largement profité grâce à la promotion commune faite sur les salons internationaux par les sept îles Vanille (1) : elle a accueilli 75 000 touristes en combiné, alors que la Réunion n’en recevait que 22 000. Pire : le département français est le seul à avoir perdu des visiteurs ! L’an dernier, ils étaient 7% de moins qu’en 2013 à avoir choisi de visiter à la fois Saint-Denis et Port-Louis. Pascal Viroleau, le directeur réunionnais du label Iles Vanilles , explique cette déconvenue par la crise économique en métropole et par le fait que de plus en plus de touristes passent par le hub de Dubaï ; or aucune ligne aérienne ne dessert Saint-Denis depuis les Émirat arabes unis.
Au-delà des chiffres, le concept pose question. Certes, les tours opérateurs proposent un vol Réunion-Maurice quasi-gratuit (30 euros) si l’on a réservé, en amont, un séjour dans les deux destinations. Mais comme l’a relevé l’an dernier la Cour des comptes, « les partenaires sont également des concurrents »… Il suffit d’écouter le ministre du Tourisme mauricien, Xavier-Luc Duval, qui veut faire de son île « une destination aventure, exciting, fun »… comme la Réunion !
Exit le concept de complémentarité jusqu’alors accepté : le vert sur l’île intense, le bleu indolent à Maurice ? Ariane Loupy, la directrice d’Île de la Réunion Tourisme, est partagée : d’un côté, elle admet que « les Mauriciens nous copient beaucoup » ; de l’autre, elle estime qu’ils « tendent enfin la main. On va les aider à attirer les touristes de métropole, ils vont nous aider à capter les Chinois et les Indiens ».
René Barrieu, consultant en marketing et tourisme, est plus critique. Selon lui, les actions de promotion vont profiter « à la marque leader », à savoir Maurice. Plus mauvaise langue, il ajoute que l’île sœur avait coopéré entre 1997 et 2002, alors que l’union européenne apportait son financement. Puis « plus rien » par la suite… Aujourd’hui, les îles Vanille gèrent un budget global de 600 000 euros (fonctionnement et promotions) financé à 70% par l’Europe, à 12% par la Région Réunion et à moins de 5% par Maurice…
L.D.
- Comores, Madagascar, La Réunion, Iles Maurice, Seychelles, Mayotte, Maldives.
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