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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans l'Express

Malgré les victoires électorales de son camp, le leader du PS a rendu son tablier sans rétablir l’unité.

L'Express du 21 février, Laurent DECLOITRE, photo (Jean-Claude Fruteau) Pierre MARCHAL

FRUTEAU-Jean-Claude-029.jpgLes socialistes des champs se terrent, remâchant leur colère contre Gilbert Annette et les socialistes des villes. Dans le Sud sauvage, s’isole dans sa superbe le député-maire de Saint-Joseph, Patrick Lebreton ; dans les hauts de l’île, au Tampon, le jeune député Jean-Jacques Vlody tergiverse, attendant les consignes, à l’est, du mutique député-maire de Saint-Benoît, Jean-Claude Fruteau, ancien patron du PS. Même le volubile sénateur de Sainte-Rose, Michel Vergoz, garde bouche cousue. Incroyable... Pire, les quatre parlementaires ont choisi la politique de la chaise vide lors du dernier congrès du PS local, en octobre, et - faute d’arguments ?- se taisent depuis, refusant de répondre aux questions de l’Express.

L’origine de la brouille remonte à l’an 2000. À cette date, Vergoz, Annette et Lebreton, les « rénovateurs », renversent Fruteau à la tête de la fédération départementale du PS et décident d’une présidence tournante. En 2004, le maire de Saint-Denis succède comme prévu à Vergoz. Mais un an plus tard, Lebreton, « se sentant pousser des ailes » depuis sa victoire surprise aux municipales de 2001, se lance avant son heure contre le nouveau leader du PS. Annette l’emporte et, estimant que l’accord est rompu, se représente en 2008, cette fois contre Vlody. Nouvelle victoire, sans surprise, puisque les dix sections du nord, acquises à Annette, représentent 60% des 2 500 électeurs, les militants socialistes de La Réunion.

S’ensuit une guerre larvée, au cours de laquelle les mesquineries succèdent aux coups bas. Lors des primaires du parti en 2011, Annette évoque un bourrage des urnes dans les bureaux de Saint-Joseph ; et quand le candidat Hollande se rend dans le fief de Lebreton, ce dernier relègue Annette près des militants en fauteuil roulant…

 

Lebreton au front

 

Fin 2012, le maire de Saint-Denis souhaitant se consacrer aux prochaines municipales, ne postule pas pour un troisième mandat. « Jean-Claude Fruteau m’a demandé de céder la place à Patrick Lebreton, raconte l’ancien chef du PS. J’aurais pu imposer mon candidat, mais j’ai accepté de jouer l’unité. » Lors d’un déjeuner en sa mairie, il exige cependant que les rapports de forces soient respectés dans les instances dirigeantes du parti. Comme Lebreton laisse planer le doute, Annette riposte et demande à Jean-Luc Saint-Lambert, le maire de la Plaine-des-Palmistes, de prendre les rênes du PS. Pas fou, ce dernier décline la proposition. Philippe Leconstant, vice-président du Département et premier adjoint de Saint-Benoît, s’y colle finalement. « Je pensais que ma candidature apaiserait les tensions », explique celui qui, depuis, est devenu le nouveau patron du PS, avec 75% des voix.

Preuve de sa bonne volonté, Leconstant a proposé la création d’un bureau politique composé, à parts égales, de sympathisants d’Annette et de Lebreton, en s’affranchissant de la règle statutaire de la proportionnelle. Le député-maire de Saint-Joseph n’a pas donné suite, ignorant obstinément les appels téléphoniques du secrétaire fédéral… Avec ses acolytes, il réfléchit en fait à la création d’un mouvement parallèle. « Ce serait une décision qui n’irait pas dans le sens du rassemblement », prévient avec un euphémisme Philippe Leconstant.

Au siège national du PS, David Lebon, secrétaire national à l’outre-mer, ne cache pas son « affection » pour Lebreton, et évoque son « respect » pour Annette. Le responsable relativise cette guerre larvée et évoque une « crise de croissance ». Le futur mouvement, s’il était lancé, pourrait selon lui « élargir la base des sympathisants du PS » et aider à la reconquête du conseil régional. À condition qu’il soit « à côté du PS, pas contre »…

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