La garde rapprochée
Trois hommes, membres du directoire, dirigent Air Austral sous la houlette de Gérard Ethève.
Laurent DECLOITRE, L'Express du 18 janvier 2012
Alain Abadie : l’arrangeur
Le rôle du secrétaire général d’Air Austral ? Mettre de l’huile dans les rouages. Alain Abadie a ses entrées au conseil régional et au conseil général, les deux actionnaires principaux de la compagnie. Diplômé d’un DEA d’économétrie, il débute sa carrière en 1978 aux côtés de Pierre Lagourgue, alors président du Département, puis devient son directeur de cabinet à la Région, entre 1986 et 1992. C’est à cette époque qu’Alain Abadie contribue pour la première fois au devenir d’Air Austral, créée en 1990 sous l’impulsion de Pierre Lagourgue.
De nouveau au conseil général en 1998, le fringant sexagénaire, qui se décrit comme « un arrangeur », assure la direction générale des services sous la présidence de Jean-Luc Poudroux. Il côtoie Jean-Louis Maillot, aujourd’hui directeur de cabinet de Didier Robert au conseil régional. Des allers-retours professionnels qui lui assurent autant de connaissances bien utiles lorsqu’il faut négocier les augmentations de capital d’Air Austral… Alain Abadie, qui se situe au « centre droit », s’est d’ailleurs « piqué de politique ». En 1995, il se présente aux côtés de Joseph Sinimalé, maire de Saint-Paul. Mais l’élection est annulée. Il renonce alors : « Je ne tenais pas à voir mon nom dans la rubrique des faits divers. »
En 2004, lors de l’arrivée de Nassimah Dindar (divers droite) à la tête du Département, Alain Abadie prend un congé sabbatique en Australie. Il lui faut patienter jusqu’en 2008 avant de rejoindre Air Austral. Quatre ans plus tôt, la commission de déontologie de la fonction publique le lui a interdit, pour cause de conflit d’intérêt. Aujourd’hui, son bureau est voisin de celui de Gérard Ethève et il gère tous les dossiers sensibles.
Joseph Bréma : les cordons de la bourse
Comment financer les projets que son patron imagine « chaque semaine » ? Le directeur général adjoint d’Air Austral, chargé des affaires économiques et financières depuis les débuts de la compagnie, en 1990, est un homme calme à la voix fluette. Gérard Ethève décide-t-il d’acheter deux A380, le plus gros avion du monde, vendu 300 millions de dollars l’unité ? Joseph Bréma convainc Airbus d’accepter un « paiement sécurisé ». « Si nous ne trouvons pas le financement, Airbus créera une filiale, achètera les deux appareils et nous les louera », résume le diplômé de l’Institut de formation universitaire et de recherche du transport aérien (Ifurta) d’Aix-en-Provence. Le capital d’Air Austral est-il sous-dimensionné ? Le Sainte-Rosien, né en 1962, envisage de faire appel à des investisseurs extérieurs. « Mais la compagnie restera réunionnaise », assure-t-il. En attendant, Joseph Bréma reconnaît que l’entreprise traverse « une période cruciale ».
Michel Frappier de Montbenoit : le fidèle à tout faire
Il travaille avec Gérard Ethève depuis 1977, date à laquelle il est embauché par Réunion Air Service, la petite société qui deviendra vingt-trois ans plus tard Air Austral. Michel Frappier de Montbenoit, directeur général adjoint, est dévoué corps et âme à son patron. « Je le respecte, c’est un grand monsieur, exigeant mais droit. Ses coups de gueule sont justifiés et ces histoires de harcèlement sont des conneries. » L’homme, diplômé d’une licence de sciences économiques, n’a été « infidèle » à Gérard Ethève que deux années, durant un bref passage à Air Outre-Mer, à Paris.
Aujourd’hui chargé des opérations au sol, Michel Frappier ne compte pas ses heures. A 62 ans, il peut passer la nuit sur le tarmac, en cas de panne et si des passagers sont en rade. « Il m’est même arrivé de ramener des clients chez eux avec ma voiture », sourit ce passionné au contact chaleureux.
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