L'Express du 15 mai 2014. De notre correspondant.
Freedom accapare 40% des recettes publicitaires de l’ensemble des radios de la Réunion. Un pactole que se partagent Camille Sudre et la holding H2R.
Mazette ! En 2013, les résultats nets de Freedom se seraient élevés, selon nos sources, à 900 000 euros, la radio ayant vendu pour près de 3 millions d’euros de spots aux annonceurs. Or l’ensemble du gâteau publicitaire de la Réunion représentait l’année précédente 7,5 millions pour le média radio. Énorme pour une si petite structure, alors que toutes les autres stations commerciales de l’île tirent le diable par la queue.
« Une poule aux œufs d’or », pour reprendre l’expression d’un concurrent, qui s’explique d’abord par les faibles coûts d’exploitation de la radio. Certes, Freedom possède et entretient ses propres émetteurs ; certes, la radio rémunère plutôt bien ses quelque 15 salariés, même si c’est sous forme de chèque emploi service universel ou de titre de travail simplifié, le tout sans convention collective. En revanche, sa grille de programmes ne lui coûte quasiment pas un kopek ! Un partenariat avec Europe 1 et un contrat avec A2PRL (la nouvelle AFP audio) pour l’info nationale, puis de la libre antenne à longueur de journée. Les auditeurs fournissent gratuitement le contenu en appelant du lever du jour à minuit.
Les bénéfices de Freedom tiennent aussi, logiquement, à son audience exceptionnelle. Depuis 1999, date à laquelle la station a dépassé pour la première fois RFO, Freedom survole le paysage radiophonique local ; en décembre, elle totalisait 34,8% de part d’audience, contre seulement 13,1% pour la deuxième radio, Exo FM, et 8% pour Radio Réunion 1ère, la radio publique.
A la tête de ce média hyper puissant, qui touche l’ensemble des masses populaires du département, Camille Sudre peut exiger des annonceurs le prix fort. Un seul exemple : un concessionnaire automobile a dû débourser 7700 euros pour 30 spots de 30 secondes, lors d’une campagne de dix jours sur Freedom, et « seulement » 5700 euros pour 60 spots sur deux radios, Festival et NRJ.
C’est en réalité Radio Régie qui commercialise l’antenne. La régie, dirigée par un ancien cadre du groupe Le Quotidien, appartient, à parts égales, à la SAS Freedom, à la SROI (la radio NRJ) et à la Sogera (la radio Rire et Chanson). Ces deux stations dépendent à 100% de la holding H2R, propriété de Médiafi du groupe Le Quotidien (40%) et d’IML, la société du pharmacien Mario Lechat (50%). Or H2R possède elle-même 35% de la SAS Freedom, avec minorité de blocage.
Pour autant, « Camille garde la mainmise sur la radio », assure Guy Jarnac, l’ancien fondé de pouvoir. Sudre détient plus de 50% des actions de la SAS, qui s’ajoutent aux 12 ou 13% de l’association Freedom et de sa famille… Pour Mario Lechat, aucun doute, « Freedom est son bébé, il y restera jusqu’à son dernier souffle ».
Laurent DECLOITRE
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