L'Express du 17 au 23 avril 2013, de notre correspondant laurent DECLOITRE
Quartier-Français
Les douze mutins déportés en 1646 par Pronis, le gouverneur de Madagascar, s’établissent dans le nord-est de La Réunion, qui a « tout ce que la Touraine et la Normandie peuvent offrir de richesse et de beauté ». Ils y vivent durant trois ans, avant d’être secourus un 15 août. Nomment-ils leur campement « Assomption », entre les rivières Sainte-Suzanne et Saint-Jean, en référence à ce jour heureux, ou « Quartier-Français », pour marquer leur défiance vis-à-vis des compagnons d’infortune malgaches ? Cette dernière appellation a en tout cas perduré, tout comme le qualificatif de « Beau pays », repris par la communauté de communes du Nord (Saint-Denis, Sainte-Marie et Sainte-Suzanne).
La Possession
En pleine saison cyclonique, le capitaine Roger Le Bourg prend soin de mouiller son navire, le Saint-Laurent, à l’ouest de l’île, « la côte sous le vent », protégée des alizés. Nous sommes en décembre 1649 : au nom du Roi Louis XIV, le marin prend possession de l’île, d’où le nom donné à la grève où il accoste. C’est en fait la troisième fois que la France revendique la souveraineté du caillou volcanique. Aujourd’hui, les navires de commerce qui ravitaillent La Réunion accostent au Port, la commune voisine de La Possession.
Saint-Paul
Les premiers habitants de l’île, une fois débarqués de « la baie du meilleur ancrage », à l’ouest de La Réunion, ne s’aventurent guère à l’intérieur des terres. Ils restent non loin de l’actuel Étang Saint-Paul, si bien que Flacourt nomme le lieu « habitation des François » sur une carte dessinée en 1658. Le nom de Saint-Paul aurait été choisi en l’honneur de l’apôtre Paul de Tarse, célébré autrefois les 30 juin, le jour où Pronis mouilla dans la baie, en 1642.
La grotte des premiers Français
En 1663, Payen, un colon français et dix Malgaches, dont trois adolescentes, décident de vivre sur l’île. Ils montent leur campement « au pied de la pente montagneuse, à proximité d’une caverne proche d’une cascade ». Mais rien ne dit qu’ils s’installent dans la grotte, qui abrite aujourd’hui une statue de la Vierge et reste fermée au public pour des raisons de sécurité. Le trou, humide et sombre, est moins agréable que les cabanes que les premiers habitants ont construites. La grotte, auparavant appelée caverne « des Portugais », ou des « douze mutins » a pris son nom actuel en 1965, lors du tricentenaire du peuplement de l’île. Elle est parfois nommée « grotte des premiers Réunionnais. »
La Petite-France
En 1860, un riche propriétaire fait bâtir une résidence secondaire sur les hauteurs de Saint-Paul, zone montagneuse conduisant au piton Maïdo. Théodore Keranval souhaite retrouver le climat tempéré de la métropole, d’où le nom de Petite-France. Aujourd’hui, le village vit de la culture du géranium odorant et du tourisme.
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