La faute aux cartes d’importation exclusive ?
L'Express n°3201 du 7 au 13 novembre 2012
« J’ai cherché à distribuer les enceinte Boze à La Réunion, raconte Bruno Millot, pdg de la société Stor. Mais le constructeur me l’a refusé, pour protéger son unique revendeur ». Ce dernier reste donc le seul à pouvoir le faire, imposant ses prix aux consommateurs du département. C’est la crainte du gouvernement dont le projet de loi sur la vie chère en outre-mer vise à réprimer « les accords exclusifs d’importation ». Selon l’Autorité de concurrence, ces pratiques peuvent « entraver la capacité des distributeurs à choisir l’importateur-grossiste le moins cher. »
Mais le débat semble plus compliqué qu’il n’y paraît, comme l’illustre encore Bruno Millot : « Quand trois acteurs vendaient du Apple à La Réunion, ils grignotaient sur la qualité du service client pour tenir les prix les plus bas possibles. Aujourd’hui, je suis seul sur le marché et les ordinateurs ne coûtent que 10 à 15% de plus qu’en métropole. » Il a même vendu l’Ipad2 « 10% moins cher qu’à Paris», après avoir engagé « un bras de fer juridique » avec la Pomme.
Arzou Mahamadaly, directeur général de la Sogecore, qui importe et revend en exclusivité les voitures Nissan, livre un autre argument. « Sans ces contrats sécurisés, qui investirait dans le foncier, pour stocker l’équivalent de deux mois de ventes de véhicules payés au constructeur dès la sortie de l’usine ? Il n’y aurait plus de Nissan sur l’île ! » Un point de vue partagé par Frédéric Foucque, président du syndicat de l’importation et du commerce à La Réunion, unique représentant de National Citer. « Cela n’empêche pas, rappelle-t-il, la concurrence d’une centaine d’autres loueurs de voitures sur l’île. »
L.D.
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