Roselyne Bachelot en visite médicale à la Réunion
Grippe A . La ministre de la Santé est arrivée vendredi dans l’île où au moins 22 000 personnes ont contracté le virus.
La Réunion, de notre correspondant LAURENT DECLOITRE
Samedi 29 août 2009
Une île-éprouvette ? Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, et Marie-Luce Penchard, secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer, sont arrivées vendredi matin à la Réunion pour observer in vivo la progression du virus H1N1. Une visite de deux jours, «dans une logique d’anticipation et de préparation à la gestion de l’épidémie», précise un communiqué ministeriel. En clair, voir comment le département se débrouille face à la grippe A, qu’ont déjà contractée entre 22 000 et 30 000 habitants, selon les estimations. Puis en tirer des leçons pour la métropole, encore relativement épargnée.
Les Réunionnais s’estimant transformés en cobayes, Roselyne Bachelot a vite corrigé le tir. «La Réunion n’est pas un laboratoire, a-t-elle assuré depuis le centre hospitalier régional (CHR) de Bellepierre, à Saint-Denis. C’est le premier département de France en phase épidémique, ma visite s’imposait naturellement.»
L’île déplore deux décès et une vingtaine de patients sont hospitalisés, dont trois dans un état sérieux. Plus de 14 300 élèves sont absents des cours, soit 6,5 % des effectifs de l’académie, mais aucune école n’a fermé (la rentrée a eu lieu le 18 août). Ce qui incite le recteur Mostafa Fourar à adresser un message optimiste à la métropole :«Pas d’affolement, il faut rester serein.»
En attendant, la ministre a annoncé l’envoi à la Réunion de près de 2 millions de masques «antiprojections», de 600 000 masques FFP2 pour les professionnels et de 41 000 doses de Tamiflu. Trois épidémiologistes et un médecin de santé publique arrivent également en renfort. Jean-Claude Saly, chef du laboratoire d’hémato-bactério-virologie au CHR, ne peut qu’apprécier :«C’est hard, on a dû organiser des astreintes le week-end.» Petite voix, mine fatiguée, Patricia Pigeon-Kherchiche renchérit. La chef du service pédiatrie indique manquer de 19 infirmières, en raison des personnels grippés et d’un «déficit structurel». Elle interpelle la ministre, parle de «saturation des services d’urgence, au détriment des cas pédiatriques graves». Pour autant, les urgences étaient presque désertes vendredi…
Roselyne Bachelot, un peu enrhumée, serre les mains, fait la bise, assure le personnel de son «admiration», promet que les Réunionnais pourront se faire vacciner comme l’ensemble des Français «mi-octobre». Trop tard, déplore l’union régionale des médecins libéraux, le pic épidémique devrait alors être passé dans l’île.
Toujours sans masque, mais sortant cette fois sa casquette de ministre des Sports, Roselyne Bachelot réagit à l’annulation en métropole des deux matchs de l’équipe de rugby de Castres dans le Top 14, pour cause de joueurs grippés. «On réfléchit à un protocole qui concernera les manifestations sportives, mais aussi culturelles, voire politiques.» Le virus «très contaminant mais peu virulent» autorisant un ton plus léger, elle ajoute : «Ne pensez pas que je veux interdire l’université d’été du PS à La Rochelle, même si certains se sont pris en grippe.»
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