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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans Libération
Un par d'éoliennes offshore au large des Pays-Bas. (Jeffrey Groeneweg/ANP.AFP)

Un par d'éoliennes offshore au large des Pays-Bas. (Jeffrey Groeneweg/ANP.AFP)

Le taux de dépendance énergétique du département étant de 85 %, ses élus font feu de tout bois pour trouver des ressources renouvelables locales. Ils soutiennent ainsi un projet pharaonique d’éoliennes flottantes, porté par un consortium privé. Mais l’idée ne branche ni EDF, ni l’Etat.

Libération du 14 février 2024
De notre correspondant
Laurent DECLOITRE

Vertueuse ou fragile, la Réunion ? Dans les prochains mois, l’électricité consommée y sera à près de 100 % d’origine renouvelable. EDF a en effet remplacé le fioul de ses centrales thermiques par de l’huile de colza ; quant à l’autre producteur d’électricité de l’île, la société Albioma, elle est en train de passer du charbon aux pellets de bois. Mais ces ressources renouvelables sont importées, parfois de très loin : Europe, Amérique, Australie… Tant et si bien que selon l’Observatoire énergie Réunion, le taux de dépendance du département est de 85,8 % ! Inconcevable pour le conseil régional, maître d’œuvre du plan pluriannuel de l’énergie, qui milite pour «la souveraineté et la sécurité énergétiques de la Réunion». D’autant que les navires d’approvisionnement transitent par le canal de Suez et la mer Rouge, à la merci d’attaques des rebelles Houthis. Une cellule de crise a été ouverte à Saint-Denis, la situation poussant désormais les élus à privilégier des ressources renouvelables locales.

C’est dans ce contexte tendu qu’un consortium privé fait figure de messie, en proposant une solution à 800 millions d’euros tout de même : installer une dizaine d’éoliennes flottantes au large, capables de produire 200 mégawatts, soit «25 % des besoins des Réunionnais en 2028». Les pylônes, fixés sur des flotteurs, seraient amarrés entre cinq et dix kilomètres au large de Sainte-Marie et Sainte-Suzanne, à l’est de l’île, sur 40 km². Une première en outre-mer, alors que les projets d’éoliennes en mer se multiplient sur les côtes de la Manche, de l’Atlantique et de la Méditerranée. Mais à la Réunion, qui panse encore ses plaies après le passage dévastateur du cyclone Belal, le projet suscite des interrogations. Ses promoteurs, Akuo, producteur indépendant d’électricité solaire et éolienne dans une vingtaine de pays, et BlueFloat Energy, société espagnole qui compte parmi les leaders mondiaux en éoliennes marines flottantes, se veulent rassurants. Les moulins flottants, d’un diamètre de 236 mètres (!), sont conçus pour résister à des vents de 287 km/h. Belal, c’était «seulement» 217 km/h. La houle cyclonique n’effraie pas davantage les ingénieurs, qui redoutent davantage les obstacles administratifs.

Des économies pour l’Etat

De fait, en France, les procédures réglementaires allongent les délais jusqu’à une dizaine d’années. Pour gagner du temps, le consortium, qui vient de répondre à un de ces appels d’offres en Méditerranée, souhaiterait, à la Réunion, obtenir le marché de gré à gré avec le gouvernement. Il invoque notamment la spécificité de l’île, zone non interconnectée avec le réseau électrique national. Akuo a déjà pris contact avec Globice et la Seor, deux associations locales de protection, l’une des baleines, l’autre des oiseaux marins, pour étudier les impacts éventuels de ses installations.

Mais le ministère de la Transition écologique a d’ores et déjà répondu par la négative. «On va conduire les études préalables et quand on y verra plus clair, on lancera un appel d’offres classique», tacle Emmanuel Braun, directeur adjoint de la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement. Une décision qui agace Eric Scotto. Le président d’Akuo, fait valoir qu’«en 2021, le prix moyen de production d’électricité à la Réunion était de 267 euros par mégawattheure. Le remplacement des combustibles fossiles par du bois et du biodiesel importés va porter ce tarif à 350, voire 400 euros. Or avec les éoliennes marines, on garantit un tarif de 200 euros le MWh». Ce projet, assure le consortium, ferait donc économiser à l’Etat 100 millions d’euros par an, puisque c’est ce dernier qui, au nom de la péréquation nationale, compense le surcoût insulaire afin que les ultramarins paient leur électricité au même prix que les métropolitains.

Une surproduction potentielle

Mais la difficulté est aussi technique. Le réseau électrique réunionnais ne serait pas capable, en l’état actuel, «d’encaisser» ces 200 mégawatts off-shore, pour reprendre l’expression de Karine Granger, chef de... (LIRE LA SUITE SUR LIBÉRATION)

 

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