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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans Libération
La proue du «MV Wakashio» au large des côtes mauriciennes, mercredi. Photo Maxar. AFP

La proue du «MV Wakashio» au large des côtes mauriciennes, mercredi. Photo Maxar. AFP

La proue du vraquier échoué, qui s'est brisé en deux samedi, est en train d'être remorquée pour être coulée à une vingtaine de kilomètres de l'île. La Réunion voisine craint d'être touchée par la marée noire.

Libération du 20 août 2020, de notre correspondant à La Réunion, Laurent DECLOITRE

Impressionnant : deux remorqueurs sont en train de traîner ce jeudi la proue du Wakashio, qui ne flotte que grâce à ses ballasts avant remplis d’air, jusqu’à une vingtaine de kilomètres au large de Maurice. Le vraquier japonais s’est échoué sur la barrière de corail, au sud-est de l’île touristique, le 25 juillet, avant de provoquer une marée noire, le 6 août, lorsque des tonnes d’huile lourde et de diesel se sont échappées de ses cales éventrées. Samedi, sous l’effet de la houle, l’épave s’est brisée en deux ; les secours ont alors pris la décision d’éloigner des côtes la plus grosse partie et de laisser l’arrière bloqué sur les brisants.

Cité par les médias mauriciens, le directeur des affaires maritimes, Alain Donat, indique que l’opération de sabordage, prévu à 13 milles marins (24 kilomètres) des côtes mauriciennes, nécessite vingt-quatre heures «avant que la proue ne se retrouve au fond de l’eau», à environ 3 000 mètres de profondeur. Le comité national de crise assure dans un communiqué que le lieu de cette «océanisation» a été décidé après avoir «pris en considération» les avis des différents experts, qu’il s’agisse des ONG protectrices de l’environnement ou des autorités françaises.

La Réunion n’étant située qu’à 200 kilomètres, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, craint que des «boulettes» de pétrole ne touchent les côtes du département si le sabordage a lieu trop près. Il s’est rendu dimanche à Maurice, à Pointe-d’Esny, pour soutenir les experts et les secours français dépêchés sur les lieux. Des entreprises, dont la bretonne Le Floch Dépollution, ont été engagées pour les travaux de nettoyage des côtes.

Ce jeudi, l’entourage du ministre nous indique «prendre acte de la décision mauricienne», mais ne cache pas que Paris aurait préféré que l’épave soit remorquée jusqu’en Inde, sur un site de dépollution et de démontage. La France indique avoir rappelé à Maurice que le site de l’océanisation ne devait pas entraver les routes maritimes françaises ni entraîner de pollution sur les écosystèmes.

Le sabordage, «la pire option choisie»
Pour Greenpeace, la question ne se pose même plus. «De toutes les options disponibles, le gouvernement mauricien choisit la pire. Le naufrage de ce navire mettra en péril la biodiversité et contaminera l’océan avec de grandes quantités de toxines de métaux lourds, menaçant notamment l’île française de la Réunion », assure le bureau sud-africain de l’ONG. Une poignée de militants mauriciens s’est également opposée à cette décision en manifestant devant l’hôtel du gouvernement de Port-Louis, estimant qu’il fallait protéger les baleines. «Zordi gov pe koul la preuz zot incompétans» («Aujourd’hui, le gouvernement veut couler les preuves de son incompétence»), peut-on lire sur les banderoles.

De son côté, le gouvernement mauricien a promis une aide de 10 000 roupies (environ 210 euros) aux pêcheurs touchés par la marée noire. Le carburant encore présent dans la partie arrière du Wakashio devrait être pompé dans les prochains jours ; un appel d’offres international va être lancé pour tenter d’enlever cette partie de l’épave restée sur les récifs. Le capitaine du navire a, lui, été emprisonné et inculpé de «piraterie et violence maritime». Selon le site Défi Média, il aurait reconnu s’être «trop» approché des côtes mauriciennes pour capter un réseau téléphonique…

 

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