Blanquer ne débloque pas
Libération du 17 août 2017
De notre correspondant Laurent DECLOITRE
Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education arrivé hier à La Réunion, n'a pas accordé de dotation supplémentaire de contrats aidés. Les communes maintiennent le report de la rentrée à mardi prochain.
« Le bilan des contrats aidés n’est pas bon. Cela fait des dizaines d’années que nous utilisons ce mécanisme et il y a toujours du chômage. Il y a donc un virage qui se traduit par un peu moins de contrats aidés en cette rentrée ». Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, arrivé hier matin à La Réunion, n’a pas sorti d’ardoise magique de son cartable, au grand dam des communes de l’île. Ces dernières, faute de ressources suffisantes, recourent à de très nombreux contractuels, en lieu et place de fonctionnaires territoriaux. Elles dépendent donc des dotations de l’Etat, qui finance ces contrats d’insertion, pour gérer les écoles : accueil et surveillance des élèves, restauration, entretien des locaux… Elles réclamaient 3300 postes pour la rentrée scolaire qui devait avoir lieu aujourd’hui et s’en sont vu octroyer seulement 1800. Ceints de leur écharpe tricolore, les maires ont protesté et obtenu la semaine dernière du préfet Amaury de Saint-Quentin une rallonge de 1000 contrats aidés.
Encore insuffisant, et trop tard :18 des 24 communes ont décidé de reporter la rentrée à mardi prochain, 22 août. « On va pouvoir gérer sans mettre en danger les élèves, mais il nous faut du temps pour recruter les contractuels », justifie Stéphane Fouassin, président de l’association des maires de La Réunion. Maire Les Républicains de Salazie, village montagneux et touristique, il dit avoir besoin de 70 emplois aidés, mais n’en dispose que de 30 en poste actuellement et de 13 autres promis pour la semaine prochaine. Comme lui, les élus locaux doivent faire feu de tout bois. Patrick Lebreton, maire divers-gauche de Saint-Joseph, dans le sud de l’île, l’a expérimenté par le passé : pour remplacer les postes manquants, le premier magistrat avait fait appel au « fossoyeur et aux agents des services routiers ». Une drôle de façon de combler les trous…
Cette politique d’austérité est peu appréciée des Réunionnais, qui avaient placé Mélenchon et Le Pen devant Macron au premier tour des élections présidentielles. « Nous lé vilain, mais nous lé humain ! Macron tue l’insertion ! », ont clamé une centaine de manifestants à la sortie de l’aéroport de Jean-Michel Blanquer, hier matin. Affectés à des tâches environnementales par le conseil régional, lui-aussi victime de la raréfaction des postes, ils craignent de perdre leur « emploi vert ». Le ministre, qui poursuit sa visite aujourd’hui, se contente de prôner une meilleure formation des jeunes pour résoudre le chômage endémique de l’île (près de 30%). Mais comme l’a lancé un élu à la sortie de la préfecture hier soir, « il n’y a pas de boulot, on va former des chômeurs.»
Les parents d’élèves font aussi les frais de cette situation. Une mère de famille a appris mercredi, à deux jours de la rentrée, que la garderie et les « mercredi jeunesse » ne seront plus assurés dans l’école de ses deux enfants, faute de contractuels en nombre suffisant. « Je vais devoir avoir recours à des structures privés », se désole-t-elle. Ça va lui coûter 650 euros par mois…
LD
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