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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans l'Express

De 1810 à 1815, les Anglais prennent possession de l’île Bonaparte. Cette occupation est plutôt bien vécue par les colons… moins par les esclaves.

 

BATAILLE-DE-LA-REDOUTE.jpgDepuis la bataille de Trafalgar, perdue contre la flotte britannique en 1805, la France n’a plus les moyens de ses ambitions. Comment contrôler la route des Indes sans vaisseau ? Sur l’île Bonaparte - le nom de La Réunion depuis 1803 -,  l’heure est grave. Le blocus anglais, dressé au large de toutes les possessions françaises, empêche le moindre ravitaillement, alors que des cyclones ont dévasté les cultures.

Après deux échecs en 1808, les Anglais parviennent à débarquer en juillet 1810. Une bataille les oppose aux Français retranchés sur La Redoute, à Saint-Denis. « Imaginez le tableau, raconte l’historien Mario Serviable. Les soldats anglais, des Cipayes indiens noirs de peau, tuent des soldats blancs, devant les esclaves La Réunion qui comptent les coups ! » Le colonel français Sainte-Suzanne capitule, « honorablement ». En décembre, c’est au tour de l’Isle de France (Maurice) de rendre les armes face à l’ennemi.

Ennemi ? Pas tant que cela ! Dans « Bourbon anglaise » (éd. ARS Terres Créoles), Jean Alby écrit que la bonne société de la colonie française découvre « une race supérieure alliant charme, réserve et classe ». Les colons de l’île Bourbon, calquent leur mode de vie sur le « British way of life ». Ils sont d’autant plus rassurés que les Anglais ne cherchent pas à supprimer l’esclavage ; au contraire, les occupants répriment même dans le sang une révolte partie de Saint-Leu.

Toutefois, en 1811, l’île cesse d’être la propriété de la Compagnie des Indes anglaises et se trouve annexée à la Couronne britannique. Les colons doivent jurer allégeance ; une centaine d’entre eux refusent. Ces « refuzniks », comme l’écrit Alby, sont renvoyés en France.

La parenthèse se referme en 1815. Louis XVIII est remis sur le trône par le bon vouloir de l’Angleterre, qui a fait la paix avec La France. Les deux pays signent le Traité de Paris, dont l’article 8 prévoit : « Sa Majesté britannique s’engage à restituer à sa Majesté très chrétienne les colonies, comptoirs et établissements que la France possédait au 1er janvier 1792 »… à l’exception de l’Isle de France, de Rodrigues et des Seychelles, trop précieuses ! Dans l’océan Indien, seule La Réunion redevient française. Commentaire de Mario Serviable : « L’Angleterre refusait de s’embarrasser d’une colonie sans point d’ancrage, sans richesse et sans intérêt stratégique »…

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