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L'actu vue par Laurent DECLOITRE

L'actu vue par Laurent DECLOITRE

Les articles de Laurent Decloitre (journaliste et biographe) sur la Réunion et l'océan Indien parus dans Libération, Marianne, Paris Match, l'Express, Géo et la presse nationale.

Publié le par Laurent DECLOITRE
Publié dans : #Articles parus dans Libération
Société 24/08/2009 à 06h51

Chikungunya : piqûre de rappel à La Réunion

Un cas avéré du virus a été signalé sur l’île de l’Océan indien.

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Par LAURENT DECLOITRE LA RÉUNION, de notre correspondant

Pas de chance ! Comme si les 30 000 cas de grippe A ne suffisaient pas (lire page ci-contre), La Réunion replonge dans les affres du chikungunya. Pour la première fois depuis la fin de l’épidémie qui avait causé la mort de 254 personnes et fait 266 000 malades en 2005-2006, trois cas de chikungunya «autochtone», un «avéré» et deux «probables», ont été signalés la semaine dernière sur la côte ouest, dans un quartier de Saint-Gilles-les-Bains. Aucun des patients, victimes d’une forte fièvre, de douleurs articulaires et d’éruptions cutanées, n’avait voyagé à Madagascar, en Inde ou en Thaïlande, où la maladie du «dos courbé», transmise par le moustique Aedes Albopictus, sévit toujours.

Combinaison. Le centre national de référence des arboviroses de l’institut Pasteur, à Paris, où les prélèvements ont été envoyés, doit confirmer dans les prochains jours cette réémergence surprise et inquiétante du virus «pays». En attendant, le service de lutte antivectorielle (LAV) de la Drass (direction régionale des affaires sanitaires et sociales) de La Réunion a pris «toutes les mesures nécessaires», insiste Gaëlle Fohr, responsable adjointe. A pied ou perchés sur des 4 x 4, de jour et de nuit, les agents, en combinaison blanche, protégés par des masques, ont pulvérisé de la déltaméthrine dans le quartier concerné. Un produit «très toxique» qui tue les moustiques adultes. Les larves de l’Aedes ont été détruites directement dans les jardins à l’aide d’un produit biologique, le BTI. Une réaction rapide, à la mesure des enjeux sanitaires. C’est l’hiver austral à La Réunion, la saison fraîche et sèche, normalement peu propice à la prolifération du moustique. Si le mal n’est pas étouffé dans l’œuf, l’épidémie risque de repartir avec l’arrivée de l’été, chaud et humide.

Or, d’une part, 62 % de la population est encore «naïve» : les habitants non contaminés il y a trois ans n’ont pas développé d’immunité. D’autre part, contrairement à ce que déclarait Xavier Bertrand en 2006, alors ministre de la Santé, aucun médicament n’est encore disponible. Quant au vaccin, la France a abandonné les recherches ! Une souche vaccinale américaine, sur laquelle se fondaient tous les espoirs, ne présentait pas des garanties suffisantes d’innocuité.

Eric Latchoumaya, sapeur-pompier, l’un des premiers à avoir contracté la maladie en mai 2005, est encore traumatisé. «Je n’ai jamais récupéré la forme», se plaint le quadragénaire qui craint pour son fils et son épouse. «Les autorités se sont dit que c’était terminé et ont relâché leur vigilance», dénonce-t-il. Un sentiment partagé par beaucoup. Christine Gaudy tient un magasin dans le quartier de Saint-Gilles où le chikungunya vient de frapper. «Dans la ravine (1) d’à côté, c’est rempli de rats et de moustiques. J’ai appelé la Drass plusieurs fois pour qu’ils nettoient l’eau croupie, en vain !» jure la commerçante.

Catastrophe. Pourtant, à la suite de l’épidémie de 2005-2006, un service de prophylaxie renforcé a été créé, associant les collectivités à la Drass. Depuis, les 450 km de 297 ravines en zone urbaine sont «régulièrement» traités. L’an dernier, 115 000 maisons auraient été contrôlées. Les autorités, qui avaient sous-estimé il y a trois ans la catastrophe, ne veulent plus être prises en défaut. De fait, il est peu probable que le département soit de nouveau confronté à une telle pandémie.

(1) Lit de rivière.

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