Libération du jeudi 19 mars 2020, de notre correspondant à La Réunion, Laurent DECLOITRE

Leur arrivée, massive, inquiète : d’ici dimanche, qui marque la fin des congés scolaires dans ce département d’outre-mer, environ 10 000 Réunionnais sont attendus, de retour de Paris. Vont-ils apporter dans leur valise le Covid-19 ? Jeudi, l’île, toujours en stade 1, comptait seulement 19 malades, contaminés en métropole ou à l’étranger par le coronavirus, dont deux en réanimation. Aucun décès ni cas autochtone.

Dans le reste de l’outre-mer, la situation est également moins dramatique qu’en métropole : 93 personnes atteintes, principalement en Guadeloupe (33) et à la Martinique (19), qui déplore un décès. En Guyane, 11 cas ont été diagnostiqués, 3 à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, 3 en Polynésie, 3 à Mayotte, 2 en Nouvelle-Calédonie et encore aucun à Wallis-et-Futuna et Saint-Pierre-et-Miquelon, selon un décompte donné mercredi soir en visioconférence par Annick Girardin. Pour autant, la ministre des Outre-mer a rappelé que les îles n’étaient pas à l’abri, et qu’en «milieu confiné, le virus pouvait au contraire se propager très vite». D’où l’application des mesures nationales, comme le confinement, et de dispositions plus spécifiques.

«Nous avons une longueur d’avance, il faut la préserver», confirme Camille Goyet, la directrice de cabinet du préfet de La Réunion. A cet effet, les voyageurs devront rester chez eux durant deux semaines après leur arrivée et signer «un engagement de confinement», remis à la police des airs et des frontières. S’ils présentent des symptômes, ils pourront s’adresser à une infirmière, en poste dans le hall de l’aéroport Roland-Garros, pour une prise en charge directe. Par ailleurs, «les séjours touristiques, les visites amicales, les déplacements pour cérémonies familiales» sont désormais interdits depuis la métropole pour la Réunion, dispositif appliqué à l’ensemble de l’outre-mer.

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Annick Girardin a cependant assuré que les Ultramarins qui souhaitent rentrer chez eux pourront le faire : «On assurera la continuité territoriale en cas de défaillance des compagnies commerciales.» Les retours au «pays» s’avèrent effectivement compliqués à mettre en œuvre pour les Réunionnais ayant profité des vacances pour se rendre dans les îles avoisinantes : Madagascar, Maurice, les Seychelles ont fermé leurs frontières avec la France. Air Austral, la compagnie régionale, tente de rapatrier ces «naufragés de l’océan Indien», comme les appelle Camille Goyet.

La ministre a également répété que le gouvernement apportait «la même attention aux territoires d’outre-mer» qu’à la métropole. Mais à la Réunion, par exemple, l’Agence régionale de santé est dans l’incapacité de distribuer des masques aux infirmiers et aux médecins libéraux. «Parce que les quantités résiduelles ne permettent pas de les distribuer équitablement, je me dois d’attendre l’arrivée de la deuxième livraison des stocks d’Etat», a reconnu Martine Ladoucette, directrice générale de l’ARS océan Indien. Ceci expliquant peut-être cela, la ministre des Outre-mer a déploré «le vol de masques et de gels dans certains territoires».

Mais à la Réunion, ces jours-ci, c’est surtout de répulsifs dont ont besoin les habitants : l’île est frappée depuis fin 2017 par une épidémie de dengue aujourd'hui plus dangereuse que le Covid-19. Cette maladie transmise par les moustiques a touché 26 000 personnes et provoqué 20 décès. La semaine dernière, on dénombrait 253 nouveaux cas.

Laurent Decloitre correspondant à la Réunion

Vendredi 20 mars, le décompte réunionnais des malades s'est alourdi à 28 cas.